La visite officielle du président français Emmanuel Macron, en Côte d’Ivoire, du 20 au 22 décembre 2019, revêt ostensiblement des d’enjeux sécuritaires et économiques régionaux.
Aux premières heures de son arrivée à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, le chef de l’Etat français s’est rendu au 43è BIMA, la base militaire française en Côte d’Ivoire. Objectif, adresser la stratégie sécuritaire régionale assortie de la lutte contre Le terrorisme.
En compagnie de son épouse, Brigitte Macron, le président de la République française a participé à un dîner de Noël qu’il a offert à l’ensemble des militaires français et de leurs familles, ainsi qu’à une délégation de militaires ivoiriens.
Cette rencontre sur la base militaire de Port-Bouët, située dans le Sud d’Abidjan, pour échanger avec les forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI), met en valeur le volet « prévention » de la stratégie militaire française dans la lutte contre le terrorisme en Afrique.
Il s’agit, selon une note protocolaire, d’un « engagement fort du chef de l’Etat ». Il a rencontré des soldats des forces françaises en Côte d’Ivoire qui ont participé à des missions opérationnelles au Sahel, en renfort ou en soutien de l’opération Barkane.
En marge de l’aspect sécuritaire, d’autres volets de la coopération régionale et bilatérale sont prévus. M. Macron a dans sa délégation Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des finances, et Bertrand Dumont, le directeur général adjoint du Trésor, dans un contexte où la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) veut épouser une nouvelle monnaie, l’ECO.
Le débat sur l’arrimage du Franc CFA à l’Euro qui lui garantit d’ailleurs une parité stable, fait rage. La question de la souveraineté, au cœur des discussions d’économistes et d’intellectuels, est soutenue par nombre de personnes. Dans les coulisses, la problématique devrait être abordée.
Cette visite de M. Macron en Côte d’Ivoire est le deuxième déplacement du président français depuis le début de son mandat. Le premier avait eu lieu en novembre 2017 à l’occasion du Sommet Union européenne – Union Africaine, dans le cadre de sa première tournée régionale en Afrique de l’Ouest.
Elle intervient à près d’un an de l’élection présidentielle ivoirienne d’octobre 2020. Partenaire historique et ayant des intérêts énormes en Côte d’Ivoire, la France a un regard sur l’évolution du processus électoral dans le pays. Assurément, M. Macron prendra le pool de la situation socio-politique.
Ce déplacement, en outre, revêt deux grandes dimensions. La première dimension est la visite aux forces pré-positionnées en Côte d’Ivoire, qui constitue le traditionnel déplacement du président de la République auprès des troupes militaires françaises à la période de Noël.
En 2018, le président français s’était rendu au poste de commandement de la force Barkhane, à N’Djamena, au Tchad, et l’année précédente, sur la base aérienne projetée de Niamey, au Niger, souligne la note.
La seconde dimension de ce déplacement, lui, a trait à l’aspect politique. Et ce, dans la poursuite de la mise en œuvre des engagements pris par le chef de l’Etat français lors du discours de Ouagadougou en novembre 2017, qui a posé le cadre de la relation de la France avec le continent africain.
L’ambition de Emmanuel Macron est de mettre la jeunesse au cœur de la relation entre la France et le continent africain. Il devrait échanger avec des étudiants en médecine, et inaugurer une agora socio-sportive portée par l’association française WinWin Africa, à Koumassi dans le Sud d‘Abidjan.
La France dispose d’une base militaire en Côte d’Ivoire depuis son indépendance, dans le cadre d’accords bilatéraux de défense. Après la crise de 2002 à 2011, au cours de laquelle la France a déployé la force Licorne sous mandat des Nations unies, les accords de défense ont été rénovés en 2012.
A la demande du Gouvernement ivoirien, les éléments français ont changé de statut en 2015, et sont devenus les forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI), base opérationnelle avancée des armées françaises en Afrique de l’ouest. Leurs missions s’inscrivent à la croisée des grandes fonctions stratégiques de la connaissance et anticipation, de la prévention, de la protection et de l’intervention.
Sur le plan économique, la France est un partenaire économique majeur de la Côte d’Ivoire : avec 13% de parts de marché, elle est le deuxième fournisseur du pays.
Les investissements français en Côte d’Ivoire affichent un profil diversifié, dans les domaines des énergies, de l’aéronautique et la défense, dans le développement et la ville durable. La France importe principalement des produits agricoles.
La Côte d’Ivoire étant le 3ème fournisseur d’Afrique subsaharienne de la France (après le Nigéria et l’Afrique du Sud). A l’image de la diversité des liens entre les deux pays, la relation économique franco-ivoirienne est portée par 700 entreprises françaises implantées en Côte d’Ivoire dont environ 200 filiales françaises installées en Côte d’Ivoire, indique une note officielle.
A l’issue de son déplacement en Côte d’Ivoire, le président de la République française se rendra à Niamey, au Niger, le 22 décembre. Il y rencontrera le Président Issoufou et s’arrêtera à la base aérienne nigérienne où ont été inhumés les 71 soldats nigériens morts dans l’attaque d’Inates.
Aux côtés de son homologue nigérien, le président Emmanuel Macron présentera ses hommages à l’ensemble des victimes maliennes, burkinabés, nigériennes qui ont payé un lourd tribut dans la lutte contre le terrorisme.
AP/ls/APA