La hausse des liquidités (30% du PIB) au Maroc pose plusieurs équations aux autorités qui s’accordent sur la nécessité de mettre en place des mesures alternatives.
Le montant des liquidités en circulation au Maroc a atteint un niveau record de plus de 340 milliards de dirhams (31,6 milliards d’euros) en mai 2024, marquant ainsi une augmentation de 4,3% par rapport à l’année précédente. Ce chiffre représente environ 30% du Produit intérieur brut (PIB) du pays, selon les statistiques monétaires publiées par Bank al-Maghrib (BAM), la banque centrale du Maroc.
Cette évolution suscite de vives inquiétudes parmi les autorités marocaines, car une telle abondance de liquidités en espèces est souvent associée à une augmentation des risques de fraude, de blanchiment d’argent et à la prolifération de l’économie informelle.
L’augmentation de la masse monétaire est principalement attribuée à la hausse des billets de 200 dirhams (18,63 euros), qui représentent désormais plus de 70% du total des billets en circulation. Une étude de BAM révèle qu’environ 70% de cet argent n’est pas utilisé pour des transactions courantes, mais est plutôt thésaurisé. Cette tendance prive l’économie de financements essentiels et entraîne un manque de liquidités dans les banques, ce qui peut freiner la croissance économique.
Le Wali de BAM, Abdellatif Jouahri, a identifié l’offre élevée de liquidités comme l’un des plus grands défis auxquels est confrontée l’économie marocaine. Il a souligné que les espèces constituent la principale source de financement pour le blanchiment d’argent et le terrorisme. Pour contrer ce phénomène, BAM envisage l’introduction de la monnaie numérique, l’e-dirham, qui pourrait contribuer à réduire la circulation des espèces. Jouahri a également mis en avant le lien entre la prédominance de l’argent liquide et le manque d’éducation financière, ainsi que la forte présence de l’économie informelle.
Plusieurs économistes s’accordent à dire que divers facteurs expliquent l’augmentation de l’offre de liquidités. Parmi ceux-ci figurent les injections de liquidités sous forme de subventions et de retraits de dépôts pendant la période de la pandémie de COVID-19, la croissance du nombre de touristes utilisant des espèces, et les envois de fonds record des Marocains résidant à l’étranger.
Face à cette situation, BAM, dans plusieurs de ses publications, préconise la promotion de l’inclusion financière et le développement de méthodes de paiement modernes, telles que les services bancaires mobiles. Elle insiste également sur l’importance d’améliorer la transparence dans le domaine fiscal, et d’assurer la sécurité juridique pour garantir un système économique juste et équitable.
MN/te/Sf/APA