L’Afrique de l’Est a maintenu sa position de région du continent à la croissance la plus rapide avec une croissance moyenne estimée à 5,0 % en 2019, selon le rapport « Perspectives économique en Afrique 2020 » de la Banque Africaine de Développement (BAD).
L’Afrique du Nord prend la seconde place avec 4,1 %. La croissance de l’Afrique de l’Ouest a atteint 3,7 % en 2019, contre 3,4 % l’année précédente, relève le rapport, lancé jeudi au siège de la BAD, estimant que l’Afrique centrale a connu une croissance de 3,2 % en 2019, contre 2,7 % l’année précédente.
Quant à la croissance de l’Afrique australe, elle a ralenti, passant de 1,2 % à 0,7 %, freinée par les ravages des cyclones Idai et Kenneth, note le rapport qui précise que la croissance est stable en Afrique et devrait s’accélérer. Elle est estimée à 3,4 % pour 2019, soit à peu près la même qu’en 2018, indique la BAD, estimant que la croissance devrait s’accélérer pour atteindre 3,9 % en 2020 et 4,1 % en 2021
Selon le rapport, le taux d’inflation moyen pour le continent a légèrement baissé de 2 points de pourcentage, passant de 11,2 % en 2018 à 9,2 % en 2019, avec des variations notables entre les pays et les économies. Les banques centrales ont réagi en ajustant les taux d’intérêt pour gérer la demande intérieure.
Dans les pays où les pressions inflationnistes sont à la baisse, les taux d’intérêt ont été réduits pour encourager l’investissement et stimuler la croissance. Les soldes budgétaires se sont améliorés au cours des deux dernières années, le ratio moyen pondéré du déficit par rapport au PIB en Afrique étant passé de 5,9 % en 2017 à 4,8 % en 2019. Cette situation résulte principalement d’une stabilisation des prix des produits de base et d’une augmentation des recettes fiscales et non fiscales pour les grands exportateurs de ressources naturelles.
De même, la hausse des emprunts intérieurs (atteignant plus de 35 % du PIB) reflète en partie l’augmentation des dépenses publiques et des investissements en capital pour combler le déficit d’infrastructure. Mais elle reflète aussi un ralentissement progressif de l’inflation, une plus grande crédibilité monétaire et une plus grande capacité à commercialiser la dette en monnaie nationale auprès des créanciers internationaux.
Les auteurs du rapport déduisent que si les tendances actuelles persistent, l’Afrique n’éliminera pas l’extrême pauvreté d’ici 2030 et le continent ne sera pas en mesure d’atteindre l’objectif d’éradiquer l’extrême pauvreté d’ici à 2030.
Le taux d’extrême pauvreté (pondéré selon la population) passera de 33,4 % en 2018 à seulement 24,7 % en 2030, ce qui est bien supérieur à l’objectif de 3 % des Objectifs de développement durable. Ainsi, le nombre de personnes extrêmement pauvres diminuera légèrement de près de 8 millions de personnes, passant de 429,1 millions en 2018 à 421,2 millions en 2030.
De fait, les taux de pauvreté dans toutes les régions, à l’exception de l’Afrique du Nord, devraient rester bien supérieurs à l’objectif de 3 % d’ici 2030. Cependant, l’amélioration de la quantité et de la qualité de la croissance pourrait accélérer le rythme. La consommation par habitant en Afrique devrait augmenter de 10,25 % par an pour atteindre l’objectif des ODD de 3 % d’ici 2030.
Cela suggère que si les tendances historiques persistent, un pays africain moyen devrait plus que doubler sa croissance annuelle moyenne de la consommation entre 2018 et 2030. Si des mesures politiques audacieuses ne sont pas mises en œuvre pour améliorer à la fois la qualité et la quantité de la croissance, l’Afrique n’atteindra cet objectif de 3 % qu’en 2045, fait observer le rapport de la BAD.
Le rapport formule de nombreuses recommandations politiques et économiques pour une économie performante des pays africains. Ainsi, il recommande notamment d’approfondir les réformes structurelles pour diversifier la base productive de l’Afrique et relancer la croissance. Bien que les prévisions indiquent une poursuite de la reprise en 2020 et 2021, le rythme de la croissance est plus faible que prévu et inférieur à sa tendance historique.
Il propose également d’améliorer la productivité en allégeant les contraintes qui pèsent sur l’environnement des affaires. La croissance dans la région a été principalement tirée par l’accumulation des facteurs, tandis que la contribution de la productivité totale des facteurs a été limitée et, dans certains cas, a diminué. Les écarts importants et persistants de la production par travailleur entre l’Afrique et les autres régions du monde peuvent s’expliquer par des inefficiences dans l’allocation des facteurs de production.
De même, il s’avère nécessaire de favoriser la transformation structurelle et la diversification économique pour accélérer la croissance. Dans de nombreux pays, la croissance est toujours tirée par les produits de base, ce qui la rend invariablement volatile et vulnérable aux fluctuations des prix des produits de base. Les décideurs devraient poursuivre leurs efforts pour diversifier leur base économique en s’éloignant des produits primaires et en élargissant leur base d’exportation.
Aussi, il faut améliorer la compétitivité en remédiant aux distorsions des taux de change. Les décideurs devraient aligner les politiques de change sur leur structure économique et soutenir l’effort de transformation structurelle. Maintenir la stabilité macroéconomique et améliorer la gestion des finances publiques.
Il est impératif également d’améliorer l’efficience des investissements publics en renforçant les capacités, en consolidant les cadres de gouvernance des dépenses et en assurant une planification et un suivi appropriés des projets d’investissement. L’efficience des investissements publics en Afrique est d’environ 65 %, ce qui signifie que 35 centimes sur chaque dollar investi sont perdus en raison de l’inefficience de la mise en œuvre d’un projet.
Les auteurs du rapport recommandent aussi de réformer la réglementation du travail et les politiques d’emploi pour garantir la libre circulation de la main-d’œuvre et d’accroître la transférabilité des compétences et des qualifications entre les secteurs ou l’acquisition d’ensembles de nouvelles compétences et qualifications pour répondre aux besoins des secteurs d’accueil.
Présenté en présence de l’ex-présidente du Liberia, Mme Ellen Johnson Sirleaf, et un parterre de personnalités appartenant au monde de la politique, de l’économie et des finances, des experts et des cadres de la BAD, le rapport annuel jette la lumière sur les perspectives et les projections économiques du continent dans son ensemble et pour chacun des 54 pays.
Il propose des prévisions à court et moyen termes relatives aux indicateurs économiques majeurs tels que la croissance, la pauvreté et l’emploi et examine également les défis et les progrès réalisés.
Le rapport, produit par les économistes de la Banque, est un outil qui permet aux décideurs, universitaires, investisseurs, experts de la finance et de l’industrie et médias d’étayer les décisions politiques et améliorer l’efficacité opérationnelle des institutions.
HA/APA