Le président sénégalais Macky Sall a effectué une visite officielle de 48 heures à Nouakchott, moins de six mois après l’élection à la présidence de la République Islamique de Mauritanie de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
L’économiste sénégalais Dr Thierno Thioune, maître de conférences titulaire à la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar estime que cette visite est opportune compte tenu de l’enjeu à « parachever » les « importants » accords entre les deux pays sur les hydrocarbures et la pêche.
« La première chose qu’on peut attendre est cette signature concrète du contrat de partage de la découverte du gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), faisant partie des 10 gisements les plus importants du continent », a-t-il déclaré dans un entretien avec APA.
Il y a moins de 10 jours, les deux pays ont signé à Dakar un contrat d’achat et de vente du gaz naturel liquéfié de la première phase d’exploitation du champ GTA.
Pendant cette période, ce gisement devra « produire au total environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, pour l’exportation, et 70 millions de pieds cubes par jour de gaz (environ 500 mégawatts) », expliquait le ministre sénégalais du Pétrole et des Energies, Mouhamadou Makhtar Cissé, à la signature de l’accord avec son homologue mauritanien, Mohamed Ould Abdel Vetah.
Pour Dr Thioune, « l’accord de coopération intergouvernemental qui a été signé va permettre aujourd’hui de voir combien chaque pays pourra en bénéficier ». Sa « concrétisation » sera par ailleurs « la première retombée » de la visite du chef d’Etat sénégalais.
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Sécurité et organisation
Au-delà de ce secteur, il faudra aussi attendre des « ententes assez importantes » entre les présidents Sall et Ghazouani sur les ressources halieutiques. Ces complicités devraient permettre, d’après l’économiste, de « mieux sécuriser nos parents pêcheurs et organiser la pêche entre les deux pays ».
Il y a quelques jours, des pêcheurs sénégalais ont manifesté violemment à Saint-Louis (nord). Leurs revendications portaient notamment sur les difficultés qu’ils rencontrent dans les eaux mauritaniennes.
Le ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications et son collègue de l’Elevage sont également de la visite à Nouakchott. Pour le premier nommé, cela s’explique par le fait que « le Sénégal est en avance sur ce domaine sur la Mauritanie ».
« Quand on parle d’échanges et d’axes de coopération, c’est du donnant-donnant. Au même moment où la Mauritanie nous permet de sécuriser et permettre à nos pêcheurs d’aller pêcher sur son territoire, nous lui offrons aussi des possibilités de pouvoir être +benchmarking+ en matière numérique dans notre pays », a expliqué l’économiste.
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Sur le plan de l’élevage, Dakar pourrait « aller aussi apprendre des leçons mauritaniennes en matière de croisement de bétail pour mieux améliorer la race bovine et autres que nous prisons pendant nos fêtes religieuses ».
Mais quoi qu’il en soit, l’économiste se réjouit du « raffermissement » de l’axe Dakar-Nouakchott, « assombri par les évènements (conflit sénégalo-mauritanien) de 1990 ».
« Aujourd’hui, les deux pays sont obligés d’aller sur la table de négociations compte tenu de l’enjeu du domaine qui les lie. On parle aujourd’hui de pétrole et de gaz, mais les plus grands enjeux de demain sont liés à l’eau, à la mer, à la frontière », a fait savoir Dr Thioune.
ODL/Dng/APA