La Côte d’Ivoire qui enregistre un taux de croissance économique moyen de 8% depuis 2012, figure parmi les pays africains « en situation de pouvoir prétendre à l’émergence », a affirmé jeudi à Abidjan, l’économiste Emmanuel Pinto Morreira, le directeur du département des économistes pays de la Banque africaine de développement (BAD).
« Des pays africains comme le Rwanda, l’Éthiopie, la Tanzanie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Ghana sont des pays à croissance établie. Ces pays ont enregistré des croissances économiques élevées sur plusieurs années et sont en situation de pouvoir prétendre à l’émergence», a soutenu M. Morreira dans une conférence qu’il a donnée au Centre africain de management et de perfectionnement des cadres (CAMPC) sur le thème, «développements économiques récents et perspectives de l’Afrique en quête d’émergence».
« Mais attention, cette croissance établie de ces pays ne veut pas forcément dire qu’ils seront émergents», a-t-il prévenu soulignant que pour être effectivement émergents, ces pays devraient encore avoir une croissance économique soutenue pendant les dix ou quinze années à venir.
Selon lui, les pays qui ont émergé dans le monde ont eu une stabilité macroéconomique sur quinze ou vingt ans. Malgré cette croissance économique continue ces dernières années dans plusieurs pays du continent comme la Côte d’Ivoire, M. Morreira a déploré que cette croissance n’est pas inclusive.
Pour arriver ainsi à cette inclusivité de la croissance économique en Côte d’Ivoire ou dans plusieurs autres pays, le conférencier a proposé des solutions dont la prise de mesures pour réduire les inégalités et le ciblage des populations pauvres pour un partage des fruits de la croissance.
« On se rend compte que la pauvreté reste élevée en Afrique avec un taux de 33%. 55% des pauvres dans le monde sont aujourd’hui en Afrique », a regretté M. Morreira.
Poursuivant, le conférencier qui totalise une vingtaine d’années d’expériences dans les domaines macro-budgétaire et de la croissance économique, a regretté l’endettement des pays africains.
«La dette est le point fondamental qui risque de compromettre la stabilité macroéconomique de plusieurs pays», a-t-il fait remarquer soulignant que la dette de l’Afrique a «augmenté considérablement» passant de 38% à 56%.
« Plusieurs pays africains peuvent prétendre à l’émergence dans les prochaines années. Mais attention, la route est encore bien longue », a-t-il conclu.
Auparavant dans un discours avant cette conférence, Pr Joseph Assi-Khaudjiss, le directeur général du CAMPC, a relevé l’importance du thème de cette communication qui permettra aux auditeurs et étudiants de son institution de comprendre les évolutions économiques récentes et l’émergence de l’Afrique.
Le CAMPC est une institution inter-Etats qui se veut un outil de formation pour les cadres et les leaders africains. Quelques 25 000 cadres africains en provenance d’entreprises et institutions y ont été formés.
LB/ls/APA