L’Initiative Atlantique du Maroc vise à étendre l’Arc atlantique en Afrique, en créant un espace de communion humaine, un pôle d’intégration économique et un centre de rayonnement continental et international pour les pays de la façade atlantique africaine et les États sahéliens enclavés.
Prônée par le roi Mohammed VI, l’initiative atlantique ouvre une nouvelle ère de dialogue et de coopération Nord-Sud, avec la perspective de dynamiser les relations entre l’Europe et l’Afrique. Florence Kuntz, ancienne députée au Parlement européen et membre de l’Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne, souligne que cette initiative « ouvre la voie à la co-construction d’une macro-Région Europe-Afrique ».
L’Europe atlantique, comprenant des pays comme l’Espagne, le Portugal, la France, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Norvège et l’Islande, est un espace géographique et communautaire. La Stratégie maritime atlantique permet aux régions côtières de ces États membres d’optimiser les financements européens pour développer l’économie marine et maritime. Créée à la fin des années 1980, l’association de coopération « l’Arc atlantique » regroupe volontairement les régions ayant une ouverture sur l’océan Atlantique.
Cet espace, s’étendant de l’Écosse à l’Andalousie sur 2 600 km, abrite près de 60 millions d’habitants et couvre environ 20 % du territoire européen. Florence Kuntz rappelle que « seule l’appartenance océanique, les atouts et faiblesses de cette géographie justifient la création de ce sous-ensemble régional ».
L’initiative atlantique du Maroc pourrait prolonger cet Arc atlantique en Afrique, en partageant avec les voisins de la façade atlantique africaine et les États sahéliens enclavés un « haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international ». Florence Kuntz ajoute que « à océan commun, enjeux communs », soulignant l’importance de la co-construction de réponses aux défis des régions côtières, tels que les transports, les énergies renouvelables, le dérèglement climatique, la pêche, la biodiversité et le tourisme littoral.
Parmi les projets symboliques, le Port atlantique de Dakhla, dont l’achèvement est prévu pour 2028, inclura des zones de commerce, de pêche, d’industrie navale et une zone industrielle et logistique de 1 600 hectares. Ce port offrira une porte d’entrée vers le continent africain et un pôle attractif pour les investisseurs étrangers, notamment dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Un autre projet majeur est le gazoduc atlantique Nigéria-Maroc, qui longera la côte ouest-africaine et sera connecté au réseau gazier européen. Florence Kuntz souligne également l’importance de la Coupe du monde de football 2030, co-organisée par des pays africains et européens, comme un « extraordinaire outil de soft power atlantique ».
Avec une nouvelle mandature européenne, les acteurs de l’Arc atlantique, fragilisés par le Brexit, cherchent à donner une nouvelle dimension à la Stratégie maritime atlantique. Ils pressent le Conseil et la Commission européenne de leur octroyer un statut de Macro-Région pour mieux identifier le périmètre géographique de l’espace atlantique et renforcer les financements européens sur des projets structurants.
Dans son discours du 6 novembre 2023, le roi Mohammed VI rappelait que « par sa façade méditerranéenne, le Maroc est solidement arrimé à l’Europe ». Avec son initiative pour l’Afrique atlantique, le Royaume œuvre à resserrer les liens entre les deux continents. Florence Kuntz conclut en appelant les futurs dirigeants de l’UE à « mettre le cap sur l’Atlantique ».
MN/te/Sf/APA