ONU Femmes Côte d’Ivoire a organisé, ce mercredi 18 octobre 2023, une rencontre d’échanges entre le Patronat ivoirien et les femmes entrepreneures en vue de favoriser l’accès des femmes entrepreneures à la commande, qu’elle soit publique ou privée.
Cette initiative qui se veut une réponse aux inégalités et obstacles auxquels sont confrontées les femmes au sein des systèmes de passation des marchés, a lieu dans le cadre du Projet d’« autonomisation économique des femmes grâce à l’accès de femmes à la commande publique et aux chaînes d’approvisionnement en Afrique de l’Ouest ».
La rencontre, organisée sous forme d’un séminaire à la Maison de l’entreprise, au Plateau, dans le centre des affaires d’Abidjan, a enregistré la présence de Mme Elena Ruiz, directrice régionale adjointe ONU Femmes au Bureau Afrique de l’Ouest et du centre pour l’autonomisation économique des femmes.
Ce séminaire dénommé « Cocktail d’opportunités des femmes entrepreneures avec le Patronat ivoirien » a servi de cadre d’échanges sur les opportunités des affaires des marchés et des bonnes pratiques pour l’égalité genre au sein du secteur privé.
Le directeur exécutif adjoint de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci, Patronat ivoirien), Félix Yénan, a au nom du président de l’organisation patronale, salué cette initiative visant l’accès des entreprises dirigées par des femmes aux marchés.
Il a assuré du soutien du Patronat ivoirien à ce projet visant l’autonomisation économique des femmes, car « pour le secteur privé, les femmes entrepreneures jouent un rôle vital dans l’économie, et il est important de leur garantir à toutes plus d’opportunités ».
La Cgeci, soulignera-t-il, a inscrit la question de la promotion de l’entrepreneuriat féminin au cœur de ses actions. Il a estimé que les femmes entrepreneures devraient « avoir plus d’opportunités » en raison des contraintes socio-culturelles qui constituent des obstacles à leur participation à des marchés.
« Ce projet arrive à point nommé, car les PME dirigées par les femmes doivent être soutenues pour la relance de leurs activités post Covid-19 et pour leur permettre d’avoir accès, notamment aux informations sur les politiques commerciales, la Zlecaf et aux réseaux de développement des affaires ».
ONU Femmes implémente ce projet dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest à savoir : le Sénégal, le Mali, le Nigéria et en Côte d’Ivoire grâce à son partenaire, la Banque africaine de développement à travers l’Initiative de Financement en faveur des femmes entrepreneures (We-Fi).
Ce projet sur l’accès des femmes entrepreneures à la commande, qu’elle soit publique ou privée, est une réponse aux inégalités et obstacles auxquels sont confrontés les femmes au sein des systèmes de passation des marchés. Selon des études sur la commande publique, 30% des PME sont détenues par des femmes dans le monde et, ces entreprises n’ont accès qu’à 1% de l’ensemble des contrats des marchés publics.
Avec l’approvisionnement sensible au genre, l’on observe aujourd’hui une croissance des PME dirigées par des femmes grâce à une augmentation des opportunités commerciales, ainsi que le développement de l’entrepreneuriat féminin et une réduction de l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes.
D’autres études montrent, par ailleurs, que jusqu’à 90% des revenus des PME dirigées par les femmes ont tendance à être réinvestis dans leur famille et leur communauté. Ce qui signifie que l’accès aux marchés des femmes entrepreneures contribue à garantir des avantages sociaux et économiques durables et collectifs.
Par conséquent, l’adoption de politiques et pratiques d’approvisionnement sensibles au genre apparaît comme une nécessité qui permettra d’impulser des progrès alignés avec les objectifs de développement durables en particulier les ODD 5, 8 et 12, a fait remarquer Mme Elena Ruiz.
En Côte d’Ivoire, le projet cible le renforcement de capacités de 200 PME dirigées par des femmes, avec pour résultat principal, l’accès d’au moins 60 PME dirigées par des femmes à de nouvelles opportunités d’approvisionnement.
Les premières cohortes de formation ont permis de former plus de 100 femmes dirigeantes de PME, sur les procédures de passation de marché ainsi que le renforcement de capacités digitales.
Pour Elena Ruiz, il est primordial d’accompagner les initiatives de renforcement de capacités des femmes entrepreneures, en intégrant la dimension genre dans les politiques d’approvisionnement à travers des mécanismes innovants et équitables dans ce sens.
L’engagement à offrir des opportunités d’approvisionnement aux PME dirigées par des femmes contribuera à construire un secteur privé plus fort et une économie nationale plus dynamique, a-t-elle poursuivi.
Yacouba Doumbia, responsable des programmes à ONU Femmes Côte d’Ivoire, a rappelé qu’en 2017, une étude de la Banque mondiale ressort que la Côte d’Ivoire gagnerait entre 6 à 8 milliards de dollars, si le pays s’engage à réduire les inégalités entre les sexes.
Il a, en outre, mentionné que pour devenir signataire du projet, il faut être une entreprise légalement enregistrée. Ce projet a pour objectif de soutenir les femmes sur l’échiquier des affaires dans le processus d’achat et de ventes.
Au cours d’un panel, M. Jean-Marc Kouamé, représentant l’Agence Côte d’Ivoire PME, a fait savoir que dans certains pays sur le continent africain, des dispositifs légaux ont été pris octroyant un quota aux femmes entrepreneures aux marchés, allant jusqu’à 25%.
AP/APA