Confronté à une catastrophe alimentaire sans précédent, le Soudan « risque de connaître la plus grande crise alimentaire du monde ».
Au Soudan, un projet de production de blé d’urgence a fourni des résultats prometteurs. Financé par la Banque africaine de développement (BAD) à hauteur de 75 millions de dollars et mis en œuvre par le Programme alimentaire mondial (PAM) sur une période de deux ans, il a permis d’accroître en 2023 la production de blé de près de 70% dans cinq Etats fédérés ciblés dans le pays.
« Ce développement intervient à un moment critique pour le Soudan, qui est confronté à une catastrophe alimentaire imminente en raison du conflit en cours, qui a ralenti la production au cours de la dernière campagne agricole », a déclaré, dans un communiqué transmis à APA, Nnenna Nwabufo, directrice générale de la Banque africaine de développement pour la région d’Afrique de l’Est.
En dépit de la guerre commencée depuis avril 2023 par des généraux qui se disputent le pouvoir étatique et qui a déjà fait des milliers de morts, le Soudan possède un « grand potentiel qu’offre l’agriculture même dans des circonstances de conflit actif, et avec la famine qui se profile à l’horizon (…), menaçant des millions de vies », a-t-elle indiqué, notant que « ce projet a apporté beaucoup d’espoir ».
« Rien que cette année, 22% de la demande nationale de blé a été satisfaite grâce au projet. Ses résultats impressionnants ont démontré qu’il existe des solutions viables pour accroître la production nationale afin de faire face aux niveaux croissants de la faim et de la malnutrition aiguë dans le pays », a magnifié Mme Nwabufo, se disant « heureuse » de constater que la livraison à plus grande échelle de variétés de semences de blé certifiées résilientes au climat et d’engrais aux petits exploitants agricoles dans les zones cibles à travers le pays soit intervenue à temps, ce qui a « permis de sauver un certain nombre de vies ».
Le programme a été mis en œuvre dans au moins cinq États, à savoir Gezira, Kassala, Nil, Nil blanc et les États du nord, des localités relativement stables du nord et de l’est du Soudan actuel en guerre, où « des résultats positifs » ont été relevés, a noté Mary Monyau, responsable principale du bureau pays de la BAD. Il a permis d’assurer « la sécurité alimentaire, avec un rendement de 645.000 tonnes de blé cette année, et est également devenu une intervention critique de réponse à la crise pour les personnes déplacées internes », a-t-elle expliqué.
Selon l’institution financière panafricaine, le rendement de 645.000 tonnes de blé cette année a représenté « 22% des besoins totaux » de consommation de blé du Soudan. En moyenne, les agriculteurs ont enregistré une augmentation de 44% de la productivité par hectare par rapport à la saison précédente.
Environ 16.000 agriculteurs parmi ceux qui ont bénéficié d’une aide avaient été déplacés par le conflit au cours des treize derniers mois. Le projet leur a offert un soutien et des ressources pour rebâtir leurs moyens de subsistance. En outre, douze moissonneuses-batteuses ont été fournies à des associations d’agriculteurs dans les États du Nil et du Nord pour leur permettre de récolter plus efficacement et de réduire considérablement les pertes, a souligné la BAD.
Malgré ces efforts, le Soudan, qui est confronté à une catastrophe alimentaire sans précédent, risque de devenir la plus grande crise alimentaire du monde, a-t-elle alerté, citant une récente analyse du PAM. L’agence onusienne a identifié, en effet, 41 foyers de famine dans ce pays d’Afrique de l’est, notant qu’environ 2,1 millions de personnes couraient un risque élevé de tomber dans la phase cinq du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) si elles ne reçoivent pas d’urgence une aide humanitaire.
ODL/te/APA