Le secrétariat permanent du Programme des réformes économiques et financières a appelé les pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) à revoir d’urgence leurs priorités en matière de dépenses publiques, en rapport avec la pandémie du coronavirus.
Le Cameroun, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad sont ainsi invités à adopter, dans les plus brefs délais, des Lois de finances rectificatives 2020, à mettre en place d’un train de mesures de soutien au profit des entreprises frappées par la crise du Covid-19.
Dans une étude intitulée «Incidences économiques et financières du Covid-19 sur les économies de la Cemac et esquisses de solutions », parvenue jeudi à APA, ils doivent également prendre un moratoire d’un an sur l’application des critères de surveillance multilatérale pouvant affecter le recours par les États à l’appel public à l’épargne, et à engager des négociations avec les principaux partenaires bilatéraux et multilatéraux afin de rééchelonner les échéances courantes de la dette extérieure.
Les autres mesures préconisées visent la stabilité monétaire et celle du système financier, ainsi que le renforcement à moyen terme la résilience des pays de la sous-région dans la perspective des crises futures.
«C’est donc le lieu de relever que si les pays de la Cemac ne luttent pas efficacement contre la pandémie du Covid-19 pour en limiter les conséquences économiques et financières, la situation macro-économique deviendrait insoutenable», prévient secrétariat permanent du Pref-Cemac.
Les conséquences économiques et financières du Covid-19 sur les économies sous-régionales sont en effet de plusieurs ordres, prévoit l’étude qui table déjà sur une baisse significative des recettes budgétaires, une dégradation importante des comptes macro-économiques, une décrue des financements extérieurs, la perturbation des échanges intracommunautaires, la fragilisation de la stabilité externe et financière et un risque de montée des tensions inflationnistes.
Les canaux de transmission de la crise actuelle sur les économies de la sous-région se caractérisent par la chute des termes de l’échange, qui diminueraient de 28,6% en un an, les contraintes d’offre qui accroîtraient les coûts de transactions et les conditions financières, perturbant plus directement le commerce, le tourisme, le transport et les transferts des migrants. Il est aussi prévu des contraintes de demande résultant de la montée de l’incertitude, une instabilité des flux et des marchés financiers.
En cas de crise du Covid-19 transitoire et rapidement maîtrisée, la croissance baisserait de 3,3% dans le secteur réel, le solde budgétaire global, dons compris, deviendrait déficitaire à 0,9% du produit intérieur brut (PIB) sur les finances publiques, le déficit extérieur courant, transferts publics inclus, se creuserait à 4,7% du PIB sur le secteur extérieur, la situation monétaire se détériorant significativement à travers la baisse des avoirs extérieurs nets, des crédits à l’économie et de la masse monétaire.
Dans le même temps, les difficultés de trésorerie des États devraient détériorer la qualité relative des portefeuilles de crédit des banques et leur profitabilité, à travers l’augmentation prévisible des créances en souffrance et du provisionnement des créances bancaires.
Dans le cas d’une propagation rapide et de grande ampleur de la crise du coronavirus, la croissance baisserait de 3,3% dans le secteur réel, le solde budgétaire global de la Cemac, dons compris, se creuserait à -6,6% du PIB, contre un excédent de 0,9% du PIB dans le scénario de base initial, le déficit extérieur courant, transferts publics inclus, se creuserait à 10,3% du PIB, contre -1,7 % du PIB dans les projections antérieures.
Le Pref-Cemac craint aussi que la situation monétaire se détériore davantage à travers la baisse des avoirs extérieurs nets, des crédits à l’économie et de la masse monétaire, la stabilité financière entraînant pour sa part des faillites bancaires majeures.
FCEB/cgd/APA