La Conférence économique africaine hybride 2021 sur le financement du développement à l’ère de la Covid-19 s’est ouverte, jeudi, à Sal au Cap Vert en présence de nombreuses personnalités dont le président capverdien, José Maria Neves, avec un plaidoyer pour des «échanges de dettes bien négociés».
Au cours de cette conférence qui s’achève samedi, des chefs d’État et de gouvernement africains ainsi que de hauts responsables politiques et économiques partageront leurs points de vue sur la façon de remodeler les modèles de financement du développement de l’Afrique dans le contexte de la crise sanitaire Covid-19.
Dans son allocution d’ouverture, le président José Maria Neves, a souligné l’importance du thème de cette conférence, « Financer le développement de l’Afrique post-Covid-19 ». Selon lui, ce thème est d’actualité en ce sens qu’avec cette crise sanitaire, l’humanité connait son plus grand bouleversement marqué par des récessions économiques.
« En mars 2020, l’Afrique a été négativement affectée par la Covid-19 dans tous les domaines d’activités avec l’érosion des finances publiques», a-t-il fait observer, relevant que « l’Afrique n’a pas à elle seule les moyens de redresser son économie».
« Il est urgent de repenser le modèle du développement de l’Afrique », a insisté José Maria Neves. A ce propos, il a indiqué que l’Afrique a besoins de « mesures appropriées ». Proposant des pistes de solutions, le président capverdien a cité des « échanges de dettes bien négociés » avec des partenaires « bilatéraux et multilatéraux impliquant le secteur privé ».
« Nous ne pouvons pas nous contenter des solutions réactives (…) Nous devrons peut-être vivre encore avec la Covid-19 pendant quelques années et nous devrons trouver des mécanismes innovants, sinon nous décevrons notre jeunesse », a conclu José Maria Neves.
Ces assises capverdiennes devront permettre de tracer la voie du développement du continent, y compris les moyens de mobiliser les ressources nationales et de créer des systèmes fiscaux et fiscaux modernes et efficaces.
Il s’agira également d’explorer les moyens de lutter contre l’évasion fiscale, la fraude et d’autres infractions qui drainent les ressources nationales.
L’édition 2021 de la Conférence économique africaine est organisée par le gouvernement du Cap-Vert dans un format hybride, conformément aux directives sanitaires en cas de pandémie. Des participants à la conférence sont réunis à Sal, une destination touristique populaire de l’archipel, le Cap Vert.
D’autres y participeront virtuellement. La conférence est organisée conjointement par la Banque africaine de développement, la Commission économique pour l’Afrique et le Programme des Nations Unies pour le développement.
Les partenaires ont réuni des penseurs notables, dont le lauréat du prix Nobel Roger Myerson, le président du Center for Global Development Masood Ahmed et le PDG du groupe Africa Development Solutions, Samba Bathily, pour délibérer sur les défis les plus urgents de l’Afrique.
Les discussions porteront sur des sujets tels que le renforcement de la position de l’Afrique dans le système financier international, la réinvention du financement du développement et la mobilisation des ressources publiques et privées nationales à l’ère de la révolution numérique.
L’économie africaine devrait croître en moyenne de 3,4% cette année, après la pire récession en 50 ans en 2020. Cependant, la croissance pourrait être affectée négativement par la lenteur de la vaccination et l’incertitude des variantes émergentes comme Omicron.
« La pandémie de Covid-19 nous a appris que le statu quo conduira à l’échec », a déclaré Raymond Gilpin, chef de l’équipe de stratégie, d’analyse et de recherche du bureau régional du PNUD pour l’Afrique.
« Cette conférence offre un espace pour examiner des solutions innovantes et des options durables disponibles pour financer le développement des pays africains. La Conférence économique africaine de 2021 nous fournira une occasion unique de contribuer à une réinitialisation bien nécessaire à travers l’Afrique. » , a-t-il poursuivi.
Au cours de la conférence, seront explorées, 36 analyses empiriques innovantes qui proposent des façons de faire du développement différemment.
Bartholomew Armah, directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance à la Commission économique pour l’Afrique, a souligné que « de plus en plus, l’Afrique se tourne vers les marchés des capitaux comme source de financement, en tenant compte de l’avenir et des considérations de durabilité ».
« Nous espérons que cette conférence sera l’occasion pour les gouvernements africains de structurer des projets que le secteur privé pourra financer dans le cadre du processus de relance », a conclu M. Armah.
Hanan Morsy, directeur de la politique macroéconomique, des prévisions et de la recherche à la Banque africaine de développement (BAD) a de son côté relevé que « le financement du développement de l’Afrique après la Covid-19 nécessitera des solutions prêtes à l’emploi pour mobiliser davantage de ressources nationales, attirer davantage d’investissements privés et utiliser plus efficacement les ressources externes ».
Selon lui, la Conférence économique africaine de cette année fournira des recommandations politiques concrètes et applicables sur la manière d’atteindre ce triple objectif, en tirant parti de la riche et vaste expérience des décideurs politiques de haut niveau, des praticiens du développement, des acteurs du secteur privé, des universitaires et des autres parties prenantes qui assisteront à la conférence.
LS/APA