Le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), dans son rapport consacré à la crise sécessionniste qui secoue le pays, soutient que cette situation d’instabilité a déjà coûté près de 1000 milliards FCfa à l’économie.
Sur les trois années que dure la crise sécessionniste anglophone, l’estimation sommaire porte à plus de 2 milliards FCfa les conséquences des «villes-mortes», de l’insécurité et des destructions diverses, l’arrêt des chantiers d’investissement public débouchant sur des manques à gagner importants en termes de chiffres d’affaires pour les entreprises, rapporte le document parvenu vendredi à APA.
En se focalisant sur 10 secteurs d’activités uniquement, les pertes sont estimées à près de 800 milliards FCfa, le secteur de la distribution étant le plus touché et l’insécurité ayant fait le lit des circuits d’approvisionnement informels dont plusieurs sont alimentés par les produits de contrebande.
Dans le même temps, le patronat estime à près de 18,5 milliards FCfa le montant des recettes perdues par l’État depuis le début du conflit en termes de recettes de l’impôt sur les sociétés, des redevances et autres taxes diverses.
Au total, le décompte quantitatif fait état de 159 jours de «villes mortes» dans le Sud-Ouest, et 141 dans le Nord-Ouest en 2017 et 2018, soit l’équivalent respectivement de 30,6% et 27,1% du total de jours ouvrés de ces années, ainsi que des pertes occasionnées représentant entre 20% et 30% du volume d’activités global.
Dans ce climat de terreur généralisée, les entreprises doivent s’adapter pour survivre, déplore le Gicam qui chiffre, au 30 septembre 2019, le bilan partiel des pertes déjà subies par les entreprises formelles, dans 9 secteurs d’activité, à près de 40 milliards FCfa.
À ceci, il convient d’ajouter le coût exorbitant des infrastructures publiques et établissements publics détruits, et dont le coût de la reconstruction pourrait avoisiner 500 milliards de FCfa, soit plus du tiers de l’enveloppe annuelle du budget d’investissement du Cameroun qui est d’environ 1300 milliards FCfa.
À l’arrêt des investissements publics, s’ajoute le manque à gagner pour les investisseurs conduisant à un fort impact sur l’énergie, les services, l’agro-industrie et les recettes fiscales. Face à la crise, les entreprises, qu’elles soient installées dans les régions sous conflit ou pas, supportent également des charges supplémentaires dues aux mesures d’adaptation indispensables.
Selon les données compilées par le patronat, l’insécurité qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a désormais des incidences économiques globales qui plombent lourdement l’économie nationale et doivent être prises au sérieux. Ainsi, selon les entreprises consultées, «86% d’entre elles annoncent que la crise dans ces régions a des répercussions négatives très importantes (50%), et importantes (36%) sur leurs activités».
Au 31 juillet 2019, indique le rapport, les pertes d’actifs, les destructions, pillages et vols avaient déjà coûté près de 40 milliards FCfa, la moitié représentant les pertes des entreprises agro-industrielles qui se retrouvent quasiment démunies, face aux attaques et dans l’impossibilité de sauvegarder leurs actifs, surtout le matériel végétal.
Depuis juillet 2018, la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun «prend les allures d’un véritable conflit larvé et de guérilla», constate le patronat pour qui il apparaît, «de plus en plus clairement, la volonté de certains acteurs d’instrumentaliser les répercussions économiques de la crise à des fins politiques.»
FCEB/ard/cat/APA