Le conseil d’administration de la Cameroon Development Corporation (CDC), premier employeur du pays après la fonction publique a annoncé, lundi par voie de communiqué, avoir voté un budget de plus de 93,6 milliards FCFA pour 2019 dans un contexte marqué par un «impact très négatif» sur ses sites des régions anglophones, en proie depuis octobre 2016 à une violente crise sécessionniste.
Évoquant «des énormes pertes financières résultant de l’insécurité» dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, l’agro-industriel indique que les emplois de 90% de ses personnels, en majorité originaires des zones sous conflit et dont la masse salariale mensuelle s’élève à plus de 2 milliards FCFA, «sont aujourd’hui menacés à cause de la violence».
Et de citer pêle-mêle les bureaux et unités de transformation vandalisés et pillés, entraînant la cessation d’activités dans la plupart des cas, ainsi que les pertes financières énormes qui en découlent sans oublier les assassinats et mutilations d’ouvriers «dans l’intention principale de paralyser et de réduire à néant, les capacités et le potentiel de production et de commercialisation de la CDC».
L’entreprise, qui voudrait échapper à l’asphyxie de la crise anglophone, a ainsi lancé un appel à ses employés à surmonter la peur, à collaborer avec leur hiérarchie, les forces de sécurité et de regagner leur poste de travail afin de sauver la seule source de leur survie, «d’une éventuelle liquidation».
Les plantations de banane, d’hévéa et de palmier à huile de ce mastodonte, rappelle-t-on, couvrent une surface totale de 42,027 hectares pour 22,036 employés, dont 18,989 permanents.
En fin novembre dernier, la CDC avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur les pertes abyssales subies du fait du conflit sécessionniste : seuls 4 domaines en caoutchouc, sur 11, fonctionnaient à environ 50% de leurs capacités ; 2 domaines de palmier à huile, sur 7, restaient en activité.
Le secteur de la banane, le plus sérieusement touché, indiquait alors la société, était complètement fermé depuis fin août et les 600 hectares, nouvellement replantés dans le Sud-Ouest, étaient entièrement détruits.
«Il est urgent de rétablir la sécurité dans les plantations afin d’empêcher toute détérioration supplémentaire, susceptible d’entraîner des destructions irréversibles à grande échelle. Un somme d’environ 15 milliards FCFA est nécessaire pour réhabiliter les plantations de banane récupérables de 2005 et pour replanter 500 hectares. Pour les secteurs de l’hévéa et du palmier, les montants de 7,7 et 6,47 milliards FCFA seront nécessaires pour la réhabilitation des plantations.»
L’an dernier, et alors que le gouvernement venait d’y injecter une avance de subvention de l’ordre de 1,7 milliard FCFA, la CDC, dont la restructuration est évaluée à quelque 90 milliards FCFA, signait, avec le français Thyllium SAS, l’égyptien Timac Agro et le canadien Innovation Trailer Design, des conventions destinés au rajeunissement des plantations, à l’acquisition des équipements, la construction d’usines clé en main et à la fertilisation des bananeraies.
FCEB/te/APA