L’Afrique devrait jouer à l’avenir « un rôle important » dans la transition énergétique.
Face à la dégradation continue de l’environnement, l’Afrique peine encore à s’adapter aux défis du changement climatique. Mais le continent noir pourrait rattraper son retard s’il parvient à « repenser la gestion de ses ressources naturelles » en vue d’éviter des conséquences socioéconomiques négatives, ont affirmé des experts réunis récemment par la Banque africaine de développement (Bad) à l’occasion d’une rencontre virtuelle.
A un peu plus d’un mois de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28), prévue du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Émirats arabes unis, ces spécialistes ont lancé cet appel pour attirer l’attention de toutes les parties prenantes. Ils estiment en effet que cette COP28 sera un moment important lors duquel « le monde évaluera les progrès réalisés dans le cadre de l’Accord de Paris » conclu depuis 2015 mais sans grandes conséquences dans la lutte contre le réchauffement climatique.
« Il y a des chevauchements entre la gestion des ressources naturelles et ce que cela signifie concernant le climat et l’agenda du développement durable », a indiqué Merlyn Van Voore, cheffe du secrétariat du Groupe international d’experts sur les ressources à Genève, en Suisse, soulignant que le monde est aux prises avec le manque d’outils et de cadre appropriés pour assurer une gestion durable des ressources naturelles.
Elle note que la fabrication de produits électroniques nécessite « une attention particulière ». En effet, la gestion du recyclage des téléphones portables en fin de vie, par exemple, « nécessite » l’implication de plusieurs acteurs, notamment les fabricants, les travailleurs et les entreprises du secteur extractif, les utilisateurs finaux et les fournisseurs de réseaux, a-t-elle précisé.
« La nature fournit des biens essentiels et des services vitaux, et il ne s’agit pas seulement de valeurs économiques, mais aussi de valeurs écologiques, biophysiques et environnementales. Faute d’apprécier pleinement ces services, nous avons tendance à sous-estimer la valeur du capital naturel », a déploré pour sa part Vanessa Ushie, directrice par intérim du Centre africain de gestion des ressources naturelles et d’investissement de la Bad, indiquant que l’Afrique et le monde « sont confrontés à une crise de la nature ».
Citant le rapport Perspectives économiques en Afrique 2023 de la Banque africaine de développement, Mme Ushie note que les ressources naturelles, notamment les énergies renouvelables et les services écosystémiques, génèrent environ 62 % du PIB de l’Afrique.
En revanche, Hans Bruyninckx, ancien directeur exécutif de l’Agence européenne pour l’environnement, a indiqué que la gestion durable des ressources devrait être renforcée sur le continent et dans les économies du monde entier. « C’est important pour tous les habitants de la planète, étant donné la répartition profondément inégale des coûts et des bénéfices liés à la manière dont nous procédons aujourd’hui, en particulier dans le contexte africain », a-t-il préconisé, rappelant que l’Afrique a été historiquement un exportateur de ressources, mais d’une manière profondément non durable.
Selon M. Bruyninckx, le continent noir devrait jouer à l’avenir « un rôle important » dans la transition énergétique et les technologies de l’information sur lesquelles le monde s’appuie pour trouver des solutions intelligentes, mais plus encore « pour son développement social et le bien-être de ses populations ».
ODL/te/APA