La Commission Économique pour l’Afrique des Nations Unies (CEA) annonce le lancement d’un Mécanisme de Liquidité et de Viabilité (MLV) permettant d’offrir aux gouvernements africains une structure de liquidité de même qualité que les standards internationaux.
Le continent noir dispose désormais d’un outil lui permettant de répondre aux besoins spécifiques du Continent en termes d’émissions souveraines sur le marché des obligations en euro. Le MLV a pour objectif de proposer aux investisseurs privés internationaux souhaitant investir en Afrique un environnement robuste et des opportunités d’investissement diversifiées en particulier dans le domaine des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Ces objectifs seront atteints par la mise en œuvre d’un marché de pension livrée avec le MLV utilisant des émissions souveraines africaines comme collatéral, explique le communiqué de la CEA parvenu jeudi à APA.
Le MLV sera accompagné par Citi en tant qu’agent de structuration qui apportera son expertise de mise en œuvre de ce type de mécanisme, par les cabinets d’avocats White & Case LLP et Matheson ainsi que par le cabinet de conseil Eighteen East Capital, informe la note.
Une première transaction, qui devrait être annoncée au premier trimestre 2022 pour un montant de 200 millions de dollars américains, est en cours et a d’ores et déjà reçu l’intérêt de grands gestionnaires d’actif internationaux tels que Amundi, souligne le document, ajoutant que cette transaction sera financée par Afreximbank.
« Nous sommes très heureux de faire partie de la première transaction du Mécanisme de Liquidité et de Viabilité » a commenté le Président Directeur Général et Président du Conseil d’Administration d’African Export–Import Bank (Afreximbank), Dr. Benedict Okey Oramah. Il a ajouté : « Nous pensons qu’il offre la possibilité de créer un nouveau paradigme de financement pour le Continent, ce qui devrait stimuler sa croissance économique et un développement durable tout en attirant des investissements diversifiés de la part de la communauté internationale.»
Le MLV a aussi pour ambition de favoriser les investissements durables tels que les obligations souveraines vertes et ODD. Lancé dans le contexte de la COP 26, il va ainsi permettre d’augmenter la liquidité des obligations souveraines ODD et de celles liées à des enjeux climatiques émises par les pays africains. Cela pourra accroître de façon majeure le volume des émissions bleues et vertes et à des taux plus abordables.
La part des obligations durables émises en Afrique et au Moyen-Orient représente aujourd’hui seulement 1% du montant global, ce qui donne à penser qu’il y a un vaste potentiel de croissance et de nombreuses opportunités d’investissement à développer pour les investisseurs ODD.
« Plus que jamais, l’Afrique a aujourd’hui besoin de liquidité afin de financer son rétablissement économique et d’investir pour un environnement durable », a affirmé Vera Songwe, Secrétaire Générale Adjointe de l’ONU et Secrétaire Exécutive de la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).
« Le Mécanisme de Liquidité et de Viabilité est lancé aujourd’hui lors de la COP 26 dans le but de créer rapidement un impact positif et concret à grande échelle grâce à une nouvelle classe d’actifs qui va permettre de mobiliser le capital privé de manière efficace et de soutenir le développement économique de l’Afrique. Le MLV devrait apporter plus de transparence aux marchés de dette africains et améliorer la soutenabilité de la dette », a-t-elle dit.
Pour le Président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, « il est crucial d’avoir une approche différenciée, et des mécanismes de soutien pour permettre aux pays avec une dette soutenable et ayant accès au marché international des capitaux, comme la Côte d’Ivoire, de mobiliser des ressources longues à des taux d’intérêt plus bas ».
« Toutes les initiatives, notamment le Mécanisme de Liquidité et de Viabilité, et un recours plus accru aux ressources des fonds de pension doivent être considérés », a-t-il ajouté.
Le MLV devrait permettre d’abaisser les coûts d’emprunt des nations africaines en transformant leurs obligations souveraines en actifs liquides et en améliorant la soutenabilité de leur dette. Grâce à ce mécanisme, l’Afrique pourrait ainsi économiser un montant estimé à onze milliards de dollars américains sur les cinq prochaines années.
Suite à sa première transaction financée par Afreximbank, le MLV devrait lever 3 milliards de dollars américains en requérant le prêt de droits de tirage spéciaux (DTS) de la part des pays développés suite à la récente allocation par le FMI de l’équivalent de 650 milliards de dollars américains le 23 Août 2021.
Le MLV a vocation à opérer selon les normes les plus élevées en matière de gouvernance et de transparence. Les obligations éligibles que le Mécanisme acceptera comme garantie seront revues régulièrement et la priorité sera donnée aux pays ayant de bons antécédents en matière de réforme des politiques publiques et une gouvernance solide. Le Mécanisme aura recours à la documentation standard relative aux pensions livrées. Il sera supervisé par un Conseil dont les membres seront annoncés prochainement.
ARD/te/APA