La Banque mondiale, dans un communiqué parvenu lundi à APA, dit avoir revu à la baisse la croissance des pays d’Afrique subsaharienne à 2,3 % en 2018 contre 2,5 % en 2017, notant par la même occasion que pour la quatrième année consécutive, l’économie progresse moins vite que l’accroissement démographique et, malgré des prévisions régionales plus favorables pour 2019, qui tablent sur un rebond à 2,8 %, la croissance ne parvient pas à franchir la barre des 3 % depuis 2015.
Dans la dernière édition de son rapport intitulé Africa’s Pulse, la BM souligne que cette situation qui reflète l’incertitude de la conjoncture internationale, s’explique aussi, et de plus en plus, par les incertitudes politiques et réglementaires et par la fragilité des économies concernées.
L’instabilité macroéconomique, liée entre autres à une mauvaise gestion de la dette, à l’inflation et aux déficits sont aussi autant de facteurs qui défavorisent clairement certains pays, ajoute l’institution financière soulignant, par ailleurs, que celle-ci contredit les bonnes performances de plusieurs économies de plus petite taille, en progression constante.
Le rapport Africa’s Pulse note par ailleurs que la fragilité d’un petit nombre de pays prive l’ensemble de l’Afrique subsaharienne de plus d’un demi-point de pourcentage de croissance par an, l’équivalent de 2,6 points de pourcentage en cinq ans.
S’attardant sur les trois premières économies de la région, la banque informe qu’au Nigéria, la croissance est ressortie à 1,9 % en 2018, en hausse par rapport à 2017 (0,8 %), à la faveur d’une légère reprise du secteur non pétrolier.
L’Afrique du Sud est sortie de la récession au troisième trimestre 2018, mais la croissance est restée atone, à 0,8 %, tout au long de l’année, les incertitudes politiques décourageant les investissements. L’Angola, troisième économie de la région, est demeuré, quant à lui, en récession, l’activité étant plombée par la faiblesse persistante de la production pétrolière.
Dans ce même ordre d’idées, la BM fait observer que dans certains pays riches en ressources, comme la République démocratique du Congo et le Niger, la croissance est repartie à la hausse, soutenue par le redressement de la production minière et du prix des matières premières, ainsi que par le rebond de la production agricole et des investissements publics d’infrastructure.
Ailleurs, comme au Libéria et en Zambie, la croissance est restée modérée, les investisseurs restant méfiants face au niveau soutenu de l’inflation et de l’endettement. Dans les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, le redressement se poursuit, mais demeure fragile, les réformes destinées à réduire les déséquilibres budgétaires et extérieurs ayant marqué le pas dans certains pays.
Enfin, les économies moins tributaires des ressources naturelles, comme le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda ainsi que plusieurs pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, dont le Bénin et la Côte d’Ivoire, ont affiché de solides performances en 2018, soutient la BM.
« Les facteurs de fragilité ayant évolué dans le temps, les solutions pour y remédier doivent s’adapter », souligne l’économiste principal à la Banque mondiale et auteur principal du rapport, Cesar Calderon, arguant que « Les pays ont plus que jamais la possibilité de tourner la page de la fragilité en coopérant entre eux pour lutter contre l’instabilité, les violences et le changement climatique ».
De son côté, l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, Albert Zeufack, soutient pour sa part que « la transformation numérique peut apporter à l’Afrique subsaharienne une hausse annuelle de la croissance de pratiquement deux points de pourcentage et permettre un recul de la pauvreté de quasiment un point de pourcentage par an ». « C’est une révolution qui changera véritablement la donne en Afrique », a-t-il encore dit.
ARD/te/APA