Après avoir quitté l’Union européenne (UE) le 31 janvier dernier, Londres va devoir désormais cheminer seul et négocier en tant qu’entité indépendante ses nouvelles relations économiques et commerciales extérieures dont une grande partie était jusqu’ici issue des accords entre l’UE et le reste du monde.
Le sommet Royaume-Uni-Afrique sur l’investissement organisé lundi 20 janvier à Londres avec la participation d’une vingtaine de pays africains illustre son souci d’anticiper sur les effets éventuels de cette sortie britannique de l’UE (Brexit), sur les relations économiques extérieures du Royaume. A travers cette rencontre, la Grande-Bretagne espère notamment obtenir une place de choix dans les futurs projets d’investissement qui fleurissent en Afrique, notamment dans les pays de l’Est et du Sud de la région.
Avant ce sommet avec les Africains, Londres a déjà envoyé plusieurs émissaires sur le continent pour poser les jalons d’une nouvelle coopération post-Brexit. Le ministre d’État aux Affaires étrangères et du Commonwealth en charge également du Développement international, en particulier de l’Afrique, Andrew Stephenson, s’est rendu début janvier en Angola et en Namibie.
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Dans sa mini tournée africaine, Stephenson a affirmé la volonté de son pays de « dynamiser » la coopération bilatérale et commerciale avec ces deux pays après le Brexit. A l’en croire, ce dernier « ne causera pas de perturbations, mais fournira à la Grande-Bretagne l’occasion d’élaborer une politique commerciale indépendante ».
Cette nouvelle offre a notamment été approuvée par le président namibien qui, dans une déclaration publiée par ses services, a indiqué que son pays est prêt à approfondir les relations commerciales et d’investissements avec le Royaume-Uni, tout en mettant en avant la position stratégique de la Namibie dans la région et les nombreuses opportunités d’investissements dans les services, l’agriculture et les économies de la faune et du tourisme.
A l’heure où se bousculent les puissances traditionnelles et celles émergentes en Afrique, les autorités britanniques savent qu’il faut faire vite et peut-être même plus vite au risque d’être devancées par leurs concurrents. C’est ainsi qu’elles ont signé, depuis le mois de septembre dernier, un accord de libre-échange commercial avec six pays de l’Afrique australe: l’Afrique du Sud, du Botswana, de la Namibie, de l’Eswatini, du Lesotho et du Mozambique.
Cet accord intitulé SACU+M qui va remplacer l’actuel accord de partenariat économique Sadc-UE (APE) devrait permettre aux entreprises de continuer à commercer à des conditions préférentielles après le Brexit. « Il s’agit d’une étape importante alors que le Royaume-Uni se prépare à redevenir une nation commerçante indépendante et nous aidons les entreprises à se préparer à commercer avec les marchés les plus passionnants du monde », a dit la secrétaire au Commerce international, Liz Truss.
« Cet accord de principe démontre notre engagement à accroître les échanges avec les pays en développement et à stimuler les économies de l’Afrique australe », a déclaré de son côté la haut-commissaire britannique au Botswana, Katy Ransome.
Selon les chiffres du gouvernement britannique, les échanges entre ces pays membres du Commonwealth et le Royaume-Uni s’élevaient en 2018 à 9,7 milliards de livres sterling, les exportations de machines et d’appareils mécaniques ayant représenté à elles seules près de 409 millions de livres sterling.
D’après les données de l’Office national des statistiques, les investissements directs du Royaume-Uni en Afrique se sont élevés à plus de 38 milliards de livres sterling en 2018.
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La Grande-Bretagne même étant membre de l’UE avait opté garder sa monnaie au détriment de l’Euro. Et dans cette nouvelle aventure qu’elle entame, la Livre Sterling sera sans doute un des principaux moyens pour matérialiser ses ambitions sur le continent.
« Nous voulons encourager les banques multilatérales de développement à prêter davantage dans la monnaie locale de l’emprunteur. Nous fournirons un soutien aux pays et aux entreprises africains pour augmenter le nombre de premières émissions d’obligations en monnaie locale, pour les aider à établir un bilan et à montrer qu’ils sont financièrement viables », a dit à ce propos, la Secrétaire d’État au Développement international et organisatrice du sommet UK-Afrique, Alok Sharma.
Cette dernière met ainsi à nu le pari du Royaume-Uni sur l’accès au financement en monnaie locale, ce qui donnera aux investisseurs plus d’option pour stimuler la croissance de l’Afrique.
ARD/Los/cgd/te/APA