C’est un procès historique qui s’ouvre aujourd’hui à Ouagadougou.
Le procès des présumés assassins de l’ancien président burkinabé s’ouvre ce lundi 11 octobre 2021 au Tribunal militaire sans Blaise Compaoré et ses avocats.
Thomas Sankara, leader de la révolution burkinabè avait pris le pouvoir le 4 août 1983 avant d’être exécuté avec ses douze de ses collaborateurs par un commando le 15 octobre 1987. Trente-quatre ans après les faits, le procès devrait contribuer à faire la lumière sur les circonstances de son assassinat.
Les cinq membres de la cour du tribunal militaire de Ouagadougou (deux magistrats professionnels et trois assesseurs militaires) devront se prononcer sur les questions que se posent le peuple burkinabè depuis la mort de « l’icône panafricaine » : Qui a tué Thomas Sankara et douze de ses compagnons ? Ce crime était-il prémédité et, si oui, qui a donné l’ordre ? Quels sont les complices ?
« Nous voulons savoir qui a pris la décision, qui a commis l’acte, qui l’a soutenu et pourquoi », indique Céline Bamouni, la fille de Paulin Bamouni, directeur de la presse présidentielle, tué à côté de Thomas Sankara.
Le procureur militaire du Burkina-Faso a inculpé 14 personnes dont l’ancien président Blaise Compaoré qui vit en exil en Côte d’Ivoire, son ancien chef de sécurité le général Gilbert Diendéré qui purge une peine de 20 ans de prison pour une tentative de coup d’Etat en 2015, et l’ex sergent Hyacinthe Kafando, garde-corps de Compaoré au moment des faits.
Report jusqu’au 25 octobre
Blaise Compaoré chassé du pouvoir en 2014 par une insurrection populaire, a décidé de ne pas comparaître. L’ancien président vit en Côte d’Ivoire depuis sa chute. Désormais protégé par sa nationalité ivoirienne récemment acquise, il sera jugé par contumace en même temps Hyacinthe Kafando, introuvable depuis 2015.
Les avocats de Compaoré dénoncent un « procès politique » et qualifient le tribunal militaire de « juridiction d’exception ». Ses conseils de l’ex-président invoquent aussi son immunité constitutionnelle que lui confère son statut d’ancien chef d’Etat pour s’opposer à sa convocation par la justice burkinabè.
À peine ouvert, le procès de Thomas Sankara a été finalement reporté au 25 octobre prochain afin de permettre aux avocats de la défense de consulter davantage le dossier.
Ce feuilleton juridico-médiatique parti pour durer au moins quatre mois selon des sources judiciaires, devrait aider à l’éclatement de la vérité et sceller enfin la réconciliation dans l’espace politique burkinabè.
CD/APA