Abdoulaye Diop a fermement nié l’existence d’un engagement de son pays avec Wagner, la société militaire privée russe.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop ne cache pas son amertume sur l’intransigeance des chefs d’Etat de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) de maintenir les élections maliennes à la date du 27 février 2022. « Aujourd’hui, on a le sentiment qu’on veut punir le Mali et c’est ce qui n’est pas normal. Parce qu’il y a eu des coups d’Etat dans d’autres pays de la région. On a vu que dans certains cas, on a accouru pour applaudir ou on a été complaisant. Dans le cas du Mali, on sent un acharnement », accuse Abdoulaye Diop dans une intervention sur les ondes de la chaîne britannique BBC.
Les autorités maliennes de la transition ont promis à la Cedeao une nouvelle feuille de route qui déterminera la nouvelle durée de la transition à partir du 31 janvier prochain. Un nouveau chronogramme qui fixera l’organisation des élections après février 2022 dans un « délai raisonnable » souligne le ministre malien.
Pour le chef de la diplomatie de Bamako, son pays fait face à de sérieux « problèmes de sécurité dans les zones exploitées par les groupes terroristes ». La question sécuritaire brandie par les autorités de transition pour justifier le report des échéances électorales de février prochain est plus que jamais actuelle. « Nous sommes en train de renforcer les capacités des forces de défense et de sécurité du Mali sur la base de nos moyens propres. Nous voudrions qu’on puisse nous aider par rapport à ça. Est-ce qu’on peut lutter contre les terroristes avec des bâtons » dit-il.
Au sujet à des soupçons de liaison avec Wagner, la société militaire privée russe, Abdoulaye Diop a fermement nié certaines accusations extérieures en dépit de la coopération bilatérale avec la Russie. « Il n’y a pas de contrat entre le Mali et le groupe Wagner. Il faut qu’on soit sérieux, les Etats ne se jugent pas par des intentions. Cette affaire dite Wagner est utilisée comme une sorte de chantage sur l’Etat malien pour l’empêcher d’explorer ou de travailler avec certains partenaires. Si c’est ça l’objectif, je crois que c’est raté », martèle-t-il.
Une réponse à la France qui a récemment obtenu des sanctions de l’Union européenne contre Wagner. La société militaire russe est accusée par l’Europe des vingt-sept de recourir à d’anciens militaires russes pour commettre « des violations des droits humains et des opérations clandestines » au bénéfice du Kremlin. Paris, par le biais de Jean-Yves, chef de la diplomatie, avait prévenu en septembre dernier qu’une éventuelle implication de la société russe Wagner au Mali serait incompatible avec sa présence dans cet Etat du Sahel.
C’est dans ce contexte assez tendu qu’Emmanuel Macron est annoncé à Bamako le 20 décembre pour évoquer la fin de l’opération Barkhane, l’avenir de la France au Sahel et plusieurs autres questions liées à la sécurité et la menace jihadiste.
CD/APA