Quelque 146 acteurs frontaliers composés des leaders communautaires, des forces de défense et de sécurité, des guides religieux ainsi que du corps préfectoral des sous-préfectures de Sikolo (Kong), Katogo (M’bengué) et Mahandiana sokourani (Kaniasso), trois localités issues des régions frontalières du Tchologo, du Poro et du Folon ont été formés et impliqués dans la cohabitation pacifique aux frontières.
Ces séances de formation ont été assurées les 11, 12 et 14 septembre par le secrétariat exécutif de la Commission nationale des frontières de la Côte d’ivoire (CNFCI) dans le cadre de la mise en œuvre du projet « sensibilisation à la cohabitation pacifique et à la lutte contre la covid-19 dans les régions frontalières » financé par la coopération allemande à travers la GIZ, rapporte une note d’information transmise à APA, mardi.
Elles ont été l’occasion pour les participants d’échanger avec la CNFCI sur les différents problèmes qu’ils rencontrent au quotidien. Il en ressort que cette région nord du pays est en proie à l’insécurité frontalière avec comme lot commun les attaques meurtrières notamment celle qu’a connu le village de Kafolo, les conflits fonciers, les tentatives d’annexion d’une partie du territoire ivoirien et la crainte des menaces terroristes.
En effet, selon Téhoulé N’guessan Augustin, préfet du département de M’bengué, l’on dénombre de récurrents conflits fonciers entre les villages ivoiriens et maliens dont le plus récent est le litige foncier qui oppose le village de N’gandaman dans la sous-préfecture de Bougou en Côte d’Ivoire et celui de Dovong au Mali.
« En 2019, le bilan des affrontements entre ces deux villages frontaliers aurait fait plusieurs blessés » a-t-il expliqué en préconisant la matérialisation des frontières pour résoudre durablement ces problèmes.
Les villages frontaliers de Ouelli et Ouanguemin dans la sous-préfecture de Mahandiana Sokourani ont également eu maille à partir avec un village du mali en raison d’un litige foncier vieux de plus de 20 ans. A en croire Doumbia Témaha et Koné Diamah, chefs de ces villages, cette situation couve toujours.
Prenant la parole à ces différentes séances, Diakalidia Koné, secrétaire exécutif de la Commission nationale des frontières de la Côte d’ivoire (CNFCI), a déploré cette situation d’insécurité aux frontières.
Poursuivant, il a au nom du premier ministre, ministre de la défense, Hamed Bakayoko, président de la CNFCI, rassuré les populations frontalières sur la prise en compte de leur sécurité par le gouvernement à travers la création de la CNFCI avant de les impliquer dans la lutte pour la sécurité et la cohabitation pacifique avec leurs voisins.
« La sécurité n’est pas seulement l’affaire des forces de défense et de sécurité seules, mais plutôt l’affaire de tous. C’est pourquoi, nous devons tous nous mobiliser et nous impliquer véritablement pour ramener pacifiquement la paix et la sécurité à nos frontières. Cela est possible à travers la prévention des conflits, le règlement pacifique des conflits, la vigilance et la franche collaboration des populations avec les autorités administratives et sécuritaires locales. La CNFCI est créée pour apporter le développement à nos frontières, mais sans la sécurité et la paix, on ne peut pas amorcer le développement dans les espaces frontaliers » a-t-il conclu en les exhortant à vivre en paix avec leurs voisins tout en étant cependant vigilants.
M. Konaté a enfin remis aux participants des kits sanitaires contre la covid-19 composés de gel hydro alcooliques, de seaux d’hygiènes, de thermomètres et de papiers hygiéniques.
Auparavant, le formateur, Michel Séka a instruit les participants sur les rôles des acteurs dans la prévention et résolution des conflits, les outils de la prévention des conflits et les méthodes de la résolution de ces conflits.
A l’en croire, « il faut prévenir les conflits à travers notamment les alertes précoces, le dialogue intercommunautaire entre les populations par l’activation des comités de paix et les alliances ethniques. En cas de survenance de conflits, procéder aux règlements des conflits au double niveau frontalier et transfrontalier. Ces niveaux sont : le règlement au niveau du chef de famille, de quartier, de village. En cas d’échec, porter le différend à la connaissance du sous-préfet de sa localité et du préfet plus tard si une solution n’est pas trouvée. »
Il a enfin exhorté les chefs traditionnels, guides religieux, femmes et jeunes à dire « non » à l’utilisation des méthodes violentes pour la résolution des conflits, mais également « non » à la diffusion des rumeurs et « oui » au vivre ensemble et à la cohabitation pacifique.
Imprégnés de cette formation, les participants ont promis utiliser ces connaissances acquises pour servir d’acteurs de paix et de sécurité dans leur village respectif.
« Les passages non officiels font que chaque jour nous enregistrons des entrées dans nos villages malgré la fermeture des frontières. Nous avons aussi beaucoup de problèmes fonciers et d’annexion de territoire. Par le passé, nous utilisions la violence qui ne nous rendait pas service », a souligné Bamba Tiémoko, chef du village de Kafolo et président de l’association des chefs de village de la sous-préfecture de Sikolo.
« Avec la formation que nous venons de recevoir, nous avons les outils et les méthodes pour régler pacifiquement les conflits et litiges que nous allons avoir avec les villages des pays voisins qui sont aussi nos frères. Nous serons aussi vigilants et nous allons collaborer avec les autorités » a-t-il promis.
La Commission nationale des frontières de la Côte d’Ivoire (CNFCI) a pour mission d’assister le gouvernement dans la conception, la définition et la mise en œuvre des politique et stratégie nationales des frontières.
Elle est chargée notamment de faire des suggestions ou propositions au gouvernement en matière de délimitation, de matérialisation et de gestion des frontières. La CNFCI a également pour mission de veiller à la mise en œuvre effective des politique et stratégie nationales par le Secrétariat exécutif.
Enfin, la Commission nationale des frontières de la Côte d’Ivoire doit veiller à la prévention et au règlement des litiges frontaliers pouvant surgir entre la Côte d’Ivoire et les pays limitrophes.
LS/APA