L’armée a appelé à la mobilisation populaire et lancé le recrutement de 3000 militaires de rang et de 50.000 supplétifs pour lutter contre le terrorisme.
Le président de la transition Ibrahim Traoré compte d’abord sur les compatriotes pour vaincre les jihadistes. Appelant de moins en moins les troupes françaises à l’aide face aux groupes armés terroristes, le pays des Hommes intègres tourne le dos, cette fois, aux mercenaires russes de la compagnie controversée, Wagner.
Le capitaine Traoré n’a « aucune intention d’inviter Wagner », selon Victoria Nuland, diplomate américaine qui l’a rencontré la semaine dernière. « Il a été sans équivoque en disant que seuls les Burkinabè défendront leur pays », a-t-elle confié lors d’un point de presse en ligne. Victoria Nuland est sous-secrétaire d’Etat chargée des affaires politiques. Elle a effectué une tournée en Afrique de l’Ouest, qui l’a conduite au Burkina jeudi 20 octobre.
Les partenaires occidentaux craignent, en effet, que le Burkina ne suive l’exemple du Mali voisin qui, à la fin de l’année dernière, a recruté des mercenaires du groupe russe Wagner, selon plusieurs médias et diplomates occidentaux, pour aider son armée à combattre les insurgés islamistes.
Parmi les soutiens du putsch du 30 septembre figurent des pro-russes. Pour manifester leur soutien au coup d’État du capitaine Traoré, des centaines de personnes ont paradé dans les villes avec des drapeaux russes, appelant à un renforcement de la coopération militaire avec le Kremlin. Le patron du groupe Wagner avait félicité les tombeurs du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, en appelant au respect de la « légitimité » du pouvoir. Dans la foulée, les États-Unis avaient mis en garde contre toutes velléités de s’attacher les services des mercenaires russes.
La sécurité s’est détériorée depuis l’entrée de Wagner au Mali, des violations des droits de l’Homme ont été signalées et des soldats de maintien de la paix des Nations Unies ont été expulsés, a déclaré Nuland, qui vient de rentrer aux États-Unis après une tournée en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Burkina. L’arrivée des mercenaires russes a davantage isolé le pays d’Assimi Goïta sur la scène internationale.
La diplomate américaine a averti que l’insécurité mettrait à l’épreuve le processus de transition, assurant que son pays est prêt à « soutenir les efforts énergiques de l’armée burkinabè pour combattre le terrorisme sans soutien extérieur de la Russie et de Wagner ». Au cours des Assises nationales, tenues le 14 octobre dernier, les forces vives ont désigné le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition pour une durée de 21 mois.
DS/ac/APA