Depuis le mois de juillet 2023, plusieurs centaines de jeunes ont pris d’assaut la Place de la Nation de Ouagadougou dans l’espoir, disent-ils à APA, d’être enrôlés au sein des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), engagés aux côtés de l’armée, contre les groupes armés terroristes.
« Je veux aider à lutter contre l’insécurité. Je souhaite que le président IB (Ibrahim Traoré) m’enrôle pour renforcer les rangs des unités combattantes », a affirmé Inoussa (non d’emprunt) qui squatte, depuis trois mois, sous les arbres et/ou hangars de la Place de la Nation, située au cœur de la capitale Burkinabè.
Couché à même le sol et au clair de lune, le commerçant a tout laissé à Ouindigui, village situé dans le Nord du pays, pour, dit-il, « libérer » son pays sous l’emprise des terroristes. Il a expliqué que l’insécurité a plombé son activité commerciale.
« Lorsque le capitaine Traoré a appelé les jeunes à s’enrôler au sein des VDP, je suis venu à Ouagadougou pour multiplier mes chances d’être pris, mais cela fait des mois que j’attends », a indiqué le trentenaire.
Mathieu, étudiant titulaire d’une licence en Sciences économiques, brave aussi la pluie, les moustiques, la chaleur…et les dangers de la Place de la Nation dans l’espoir de rejoindre le front.
« Être soldat, c’est mon rêve »
« Ma place est au sein de l’armée. (…) Être soldat, c’est mon rêve », a affirmé le natif de Tenkodogo qui désire « se battre pour que la paix revienne au Burkina ».
Son désir d’aller au front a été déclenché par l’assassinat de frère ainé, enseignant, alors qu’il dispensait des cours à des élèves, a témoigné le jeune de 23 ans.
Les candidats au front ont dit être guidés par le seul « retour de la sécurité » au Burkina.
« Ce n’est pas une question d’argent », a argué Kalifa, 42 ans, marié et père de six enfants. « A Bondoukuy (Boucle du Mouhoun), je gagnais bien ma vie. J’ai une boutique que ma femme gère et j’ai un grand champ. Mais tout cela n’est rien lorsque la Nation a besoin de toi », a-t-il ajouté.
Face à la persistance de l’insécurité dans la Boucle du Mouhoun, Amadou s’est résolu à renforcer les effectifs des supplétifs civils de l’armée.
Une trentaine de filles
« Nous demandons à intégrer les VDP. (…) Je ne veux pas mourir gratuitement. Je veux me sacrifier pour une bonne cause », a fait savoir celui qui a dit avoir « abandonné un mensuel de 65 000 FCFA pour répondre à l’appel du capitaine Traoré ».
A la Place de la Nation de Ouagadougou, ils sont plus de 300 jeunes dont une trentaine de filles, selon leur délégué, Poda, à attendre d’être enrôlés pour le front.
Anita, 22 ans, a aussi affiché sa volonté de « libérer » son village, situé à l’Est du pays, dans les griffes de l’hydre terroriste.
« J’ai espoir qu’on sera recruté. Si tu me vois quitter ici, c’est que le président Traoré a dit qu’il n’a plus besoin de nous au front », a-t-elle affirmé.
Interrogée par APA, la Brigade des volontaires pour la défense de la patrie (B-VDP) a dit suivre leurs « cas de près » sans autre précision.
Courant juillet 2023, environ 249 jeunes, stationnés à la Place de la Nation de Ouagadougou, avaient été enrôlés, comme VDP à leur demande.
« …les Burkinabè sont engagés pour défendre leur terre »
Le capitaine Ibrahim Traoré qui s’est exprimé sur la question, lors d’une grande interview, vendredi 29 septembre dernier, a indiqué qu’il avait donné des instructions pour qu’ils soient recrutés, formés et intégrés comme supplétifs civils.
A ceux qui attendent toujours d’être enrôlé, « il leur a été dit de patienter parce qu’on allait lancer encore une autre opération. (…) Il faut reconnaître que les Burkinabè sont engagés pour défendre leur terre. C’est le plus important et c’est cet éveil que nous recherchions. Les gens ont compris et nous rendons grâce à Dieu », a affirmé le Chef de l’Etat.
La mobilisation des VDP fait partie de la stratégie de lutte contre le terrorisme du capitaine Traoré. Arrivé au pouvoir en septembre 2022, il avait lancé une vaste campagne de recrutement de Volontaires.
En octobre 2022, l’armée a lancé le recrutement de 50 000 supplétifs civils dont 35 000 à vocation communale et 15.000 nationaux. Elle a reçu la candidature de plus de 90.000 personnes, avait rapporté en novembre dernier, la Brigade de veille pour la défense de la patrie (BVDP).
Depuis plus de huit ans, le Burkina est régulièrement la cible d’attaques de groupes armés terroristes, ayant fait plusieurs victimes et près de deux millions de déplacement, selon les chiffres officiels.
SD/APA