L’ONG Amnesty International a fait part, dans un communiqué reçu mardi à APA, de sa préoccupation face aux violences post-électorales notées au Bénin et qui ont causé la mort de quatre personnes au cours de manifestations.
Amnesty International « a documenté entre le 28 avril, jour des élections législatives, et le 2 mai, la mort par arme à feu, d’au moins quatre personnes composées d’une mère de sept enfants, d’un jeune de 19 ans, et de deux autres hommes », indique le communiqué.
Poursuivant, l’Organisation non gouvernementale renseigne que « le 2 mai à Kandi (nord), un apprenti soudeur de 19 ans est décédé des suites de ses blessures. La veille, il avait reçu une balle à l’abdomen lors des manifestations dans la même ville. Parmi les personnes tuées figure également une femme, mère d’un bébé de neuf mois et de six autres enfants dont le plus âgé a 17 ans ».
Après ce constat, Amnesty International rappelle que « l’usage excessif de la force est contraire à l’exercice du droit de manifester tel que reconnu par la Constitution béninoise et le droit international ».
Par conséquent, la structure de défense des droits de l’Homme fait savoir aux autorités béninoises qu’elles « doivent veiller à ce que des enquêtes approfondies et impartiales soient menées sans délai au sujet des personnes tuées par arme à feu et des blessés. Elles doivent aussi s’abstenir de déployer des militaires dans des opérations de maintien de l’ordre public ».
A Cotonou, la plus grande ville du Bénin, les forces de sécurité ont procédé, selon Amnesty International, à des arrestations arbitraires y compris un blessé grave. Des fouilles systématiques et des interrogatoires de simples passants sont également opérés dans le quartier Cadjehoun où réside l’ancien président Yayi Boni, rapporte l’ONG.
En guise d’illustration, Amnesty International fait noter qu’ « un homme de 35 ans, a été détenu arbitrairement à la prison civile de Cotonou depuis le 8 mai pour attroupement non armé. Il a été blessé le 1er mai et sa main droite amputée, pour avoir tenté de se débarrasser d’une grenade lacrymogène lancée par les forces de l’ordre. Sans prendre part aux manifestations, il se trouvait à Cadjehoun à Cotonou non loin du domicile de l’ancien chef de l’Etat Yayi Boni ».
De l’avis de Samira Daoud, la Directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, « en multipliant les obstacles pour la récupération des corps par les familles des victimes, en arrêtant arbitrairement des personnes, y compris un blessé par balle, et en restreignant le passage dans le quartier de résidence d’un ancien président, les autorités béninoises ont fait le choix d’attaquer de front les droits humains plutôt que de les protéger ».
En outre, elle soutient qu’« aucun blessé ne doit faire l’objet de détention alors qu’il est en train de recevoir des soins. Les autorités doivent prendre de toute urgence des mesures pour fournir toute assistance nécessaire aux victimes des violences ».
Une révision de la loi électorale souhaitée par le président de la République Patrice Talon a écarté les partis de l’opposition des élections législatives organisées le 28 avril dernier. Selon les résultats officiels proclamés le 2 mai par la Cour constitutionnelle, l’Union progressiste et le Bloc républicain, deux partis proches du pouvoir, totalisent respectivement 47 et 36 sièges sur les 83 à pourvoir. L’installation des députés au parlement est prévue ce jeudi.
Avant et après les législatives, des manifestations contre la mise à l’écart des partis de l’opposition se sont tenues. Mais elles ont été réprimées par « les forces de sécurité à coups de gaz lacrymogène, de camions lanceurs d’eau anti-émeute et de tirs à balles réelles », regrette Amnesty International.
ID/cd/APA