Opposée à une intervention militaire au Niger, le chef de la diplomatie algérienne a entamé ce mercredi une série de visite qui va le conduire au Nigeria, au Bénin et au Ghana. Au menu, mener des concertations afin de parvenir à une solution politique à la crise politique que traverse le pays.
« Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ahmed Attaf, chargé par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, entamera, à partir d’aujourd’hui, des visites de travail en République fédérale du Nigeria, en République du Bénin et en République du Ghana, pour effectuer des concertations avec ses homologues de ces pays, membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) », a annoncé, dans un communiqué publié ce mercredi 23 août 2023, le ministère
Selon la même source, les concertations que mènera le chef de la diplomatie algérienne à Abuja, Cotonou et Accra, porteront sur « la crise au Niger et les moyens de la prendre en charge, à travers la contribution à une solution politique qui évitera à ce pays et à la région tout entière les retombées d’une éventuelle escalade de la situation ».
Alger fermement opposé à toute intervention militaire
Pays voisin du Niger, avec qui le pays partage près de 800 kms de frontière, l’Algérie s’est toujours opposée à une intervention militaire dans le pays et a fait part de sa disponibilité à contribuer à une solution pacifique afin de trouver une solution à la crise que traverse le pays depuis les évènements du 26 juillet 2023. Bien que non membre de la Cédéao, l’Algérie a été sollicitée par les Chefs d’Etat, avec l’envoi à Alger d’un émissaire du président en exercice de l’organisation communautaire, Bola Ahmed Tinubu, afin de solliciter l’appui du pays aux décisions prises sur le Niger. Une requête qui a reçu une fin de non-recevoir de la part des autorités algériennes, qui privilégient plutôt le dialogue et la voie diplomatique pour rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays.
Pour rappel, au lendemain du renversement du régime de Bazoum par la junte militaire du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le président algérien Abdelmadjid Tebboune a, dans une interview à la télévision nationale, le samedi 5 août 2023, indiqué que son pays s’oppose à une éventuelle intervention militaire au Niger, telle qu’envisagée par les chefs d’Etat de la Cédéao en cas d’échec de l’option diplomatique. « L’intervention militaire au Niger est une menace directe pour l’Algérie et nous la refusons catégoriquement », a déclaré le chef de l’État algérien pour qui, « les problèmes du Niger doivent être résolus par les voies pacifiques ». Le chef d’Etat algérien a par la même occasion, réaffirmé son engagement pour la légalité constitutionnelle tout en rappelant qu’il est « nécessaire de revenir à cette légitimité » pour laquelle il annonce sa disponibilité à « apporter son aide pour une sortie de crise au Niger ».
Samedi dernier, au lendemain de la réunion du Comité des chefs d’états-majors de la Cédéao pour la planification de l’intervention militaire en vue de restaurer l’ordre constitutionnel au Niger, l’Algérie a annoncé dans un communiqué, « regretter profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée ». « A un moment ou l’intervention militaire au Niger se précise, l’Algérie regrette profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l’ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin », a précisé le ministère algérien des Affaires étrangères avant d’ajouter que : « l’Algérie demeure, en effet, animée d’une forte conviction que cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n’ont pas été empruntées et que toutes ces possibilités n’ont pas été épuisées ».
AYB/APA