La 14e édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (Siam), ouverte depuis le 16 avril dernier à Meknès (nord), bat son plein dans les stands réservés aux pays étrangers, des espaces occupés en grande partie par les Africains subsahariens venus présenter des produits issus de leur agriculture et qui semblent par ailleurs être fortement appréciés par les visiteurs.
Madame Norah, une Marocaine d’une trentaine d’années, accompagnée de ses enfants, vient d’entrer dans le stand international où on reconnait les différents pays à travers les enseignes qui surplombent le long du couloir du chapiteau de plusieurs mètres carrés.
Après avoir « donné la priorité » à son pays en s’approvisionnant d’abord de produits marocains, elle est venue maintenant pour acheter différents produits naturels (huile, crème de visage et de cheveux).
Et elle a voulu porter son choix sur le Sénégal, vu que le mari d’une de ses amies est d’origine sénégalaise. Cependant, « je lui ai dit que je n’ai pas vu votre pays », a-t-elle signifié à son amie, sauf que le Sénégal est bien représenté… mais pas très remarqué.
C’est ce que semble déplorer Astou Babou, une Sénégalaise qui expose de l’huile de coco, du beurre de karité, du moringa, du miel, du gingembre entre autres pour une association de producteurs ouest-africains. « Tous ces produits, on les retrouve dans notre pays », note-t-elle.
A côté d’elle en effet, on a le stand sénégalais vide de monde au deuxième jour du salon (mercredi), mais avec une exposition de sachets de grains d’arachide et de l’huile du même produit. Et le jour suivant, le même vide se faisait remarquer pendant que les produits d’hier se faisaient désirer cette fois.
Le Sénégal, pas très remarqué
Venue au Maroc depuis 2010 pour s’activer dans le commerce, cette habitante de Yeumbeul (banlieue dakaroise) soutient que son vœu aurait été de représenter son pays dans ce salon, sauf qu’elle n’a pas assez de moyens. « Le riz et l’huile produits au Sénégal peuvent être exposés. Et les gens aiment bien ça », souligne Astou Babou, qui manie par ailleurs le darija, l’arabe dialectal marocain, avec une dextérité incroyable.
Un peu plus loin, Keita Diariatou expose pratiquement les mêmes produits que Astou Babou, sauf que la Malienne est pour sa part promotrice de « Keita la négoce », une coopérative basée à Sikasso (sud, Mali).
Elle vient au Siam pour la cinquième fois et le trouve « formidable », vu qu’elle arrive à trouver « plein de partenaires » et écouler en même temps ses produits tel le moringa : « une plante miraculeuse qui soigne 300 maladies ».
Mme Keita semble ainsi bien s’y connaître dans le Siam. Elle a même réussi à trouver un représentant marocain en la personne de Jawad Bamarouf. Ce dernier, qui gère en même temps une association dans son pays, juge que « les produits du Mali sont de bonne qualité ».
Il note toutefois que les barrières douanières constituent un problème et font que souvent sa partenaire est obligée de revoir à la baisse les produits qu’elle lui envoie au Maroc.
Mais M. Bamarouf salue en tant « qu’Africain » le fait que son pays noue des relations avec des Africains du sud du Sahara, ce qui est « un bon projet pour le futur ».
« Révolution rurale »
C’est le sens même en partie du Siam 2019, qui accueille 240 exposants internationaux originaires de 61 pays, dont plusieurs d’Afrique.
Et Tariq Sijilmassi, président du Siam, se satisfait déjà des quatre premiers jours du salon, devant se terminer dimanche 21 avril prochain.
« A partir de demain vendredi (aujourd’hui), le salon va être ouvert au grand public » pour voir « les petits agriculteurs venus de toutes les régions du Maroc » après que les trois premiers jours ont été réservés aux professionnels, a-t-il indiqué.
Cette année, « le Siam a été mis sous la thématique de l’employabilité des jeunes. Et au Maroc comme dans la totalité des autres pays africains, nous avons cette problématique centrale », a dit à APA M. Sijilmassi, par ailleurs président du Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM).
Et vu qu’en Afrique, « en général », la population rurale se situe « entre 40 et 60, voire 70% », Tariq Sijilmassi souligne que le Siam essaie de jouer sur sa « créativité » à travers les différentes activités qu’il propose (conférences, panels, expositions, …) pour trouver des mécanismes de pouvoir fixer les jeunes ruraux chez eux.
Et cela passe selon lui par la « révolution » des habitudes de fonctionnement dans le milieu rural et « l’amélioration » du niveau de vie du citoyen rural.
ODL/te/APA