Barka Ba, journaliste analyste politique sénégalais réputé, analyse pour Apa news les enjeux des élections locales et départementales qui se sont déroulées dimanche 23 janvier au Sénégal.
Ces élections locales présentent-elles un enjeu important pour la majorité présidentielle?
Ces élections interviennent dans un contexte particulier pour la majorité au pouvoir au Sénégal. Après sa victoire au premier tour lors de la présidentielle de 2019, Macky Sall était sorti renforcé. Au point que sous prétexte de « fast track », il avait supprimé le poste de Premier ministre et s’était débarrassé de certaines figurent importantes de son parti. Mais les émeutes de mars 2020 ont secoué le pays et le pouvoir avec, obligeant ce dernier à prendre des mesures d’urgence pour calmer la colère des jeunes, frange de la population qui était en pointe dans cette contestation. Les élections locales constituent donc un bon baromètre avant les législatives pour voir si le pouvoir qui contrôlait jusqu’à là la quasi totalité des collectivités locales va garder son hégémonie ou verra celle-ci fortement contestée et entamer ainsi la toute puissance de la coalition au pouvoir dont le moteur reste l’Apr (Alliance pour le République) le parti du président Macky Sall.
Que représente ce scrutin pour l’opposition?
L’opposition se présente à ce scrutin dans un contexte particulier. Durant le premier mandat de Macky Sall, elle avait fortement pâti de l’emprisonnement de deux de ses figures importantes: Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade qu’un tribunal avait condamné,en 2015, à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs CFA d’amende pour enrichissement illicite et Khalifa Sall, alors député et maire de Dakar qui lui avait écopé en 2018 d’une peine de cinq ans de prison le privant de se droits civiques tout comme cela avait été le cas pour Karim Wade. Mais l’entrée en scène fracassante sur la scène politique quelques années plus tard d’Ousmane Sonko, jusqu’alors inconnu du grand public, a permis à l’opposition de retrouver des couleurs face au rouleau compresseur du pouvoir qui a pu neutraliser par cooptation un leader comme Idrissa Seck où des figures importantes du de l’ancien parti au pouvoir le PDS (Parti démocratique sénégalais). Aujourd’hui, les dynamiques d’alliances qui marquent le camp des adversaires du pouvoir semblent être dictées plus par la realpolitik que par de vraies convergences idéologiques.
Apa/Los