La France et ses partenaires européens officialisent leur retrait militaire du Mali après neuf ans de lutte anti-jihadistes.
Cette décision majeure a été annoncée par la France et ses alliés européens dans un communiqué commun. Une déclaration qui vient entériner les décisions arrêtées mercredi soir lors d’un dîner de travail à l’Élysée réunissant plusieurs dirigeants européens et africains.
Les forces militaires françaises Barkhane et européennes Takuba vont quitter définitivement le territoire malien lors de ce « retrait coordonné » annonce Emmanuel Macron.
« En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les Etats Européens opérant aux côtés de l’opération Barkhane et au sein de la Task Force Takuba estiment que les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali et ont donc décidé d’entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations » peut-on lire dans le communiqué.
Ce retrait selon Macron, « se traduira par la fermeture des emprises de Gossi de Ménaka et de Gao, il sera effectuée de manière ordonnée, avec les forces armées maliennes et avec la Mission des Nations unies au Mali » et durant cette période, nous maintiendrons nos missions de soutien au profit de la Minusma » a-t-il précisé.
Cette conférence de presse s’est tenue en marge du sommet entre l’UE-l’UA à Bruxelles (Belgique) où le chef de l’Etat français avait à ses côtés le président du Conseil européen Charles Michel, le president de l’Union africaine Macky Sall, et de Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Toutefois, la France et l’UE ne vont pas définitivement quitter la bande du Sahel. En effet, les pays signataires ont convenu de poursuivre leur action contre le terrorisme dans la région du Sahel, notamment au Niger et dans le golfe de Guinée.
« À la demande de leurs partenaires africains, et sur la base de discussions sur les futures modalités de leur action conjointe, ils sont convenus de poursuivre leur action conjointe contre le terrorisme dans la région du Sahel, notamment au Niger et dans le Golfe de Guinée, et ont engagé des consultations politiques et militaires avec eux dans l’objectif d’arrêter les paramètres de cette action commune d’ici juin 2022 », expliquent-ils.
Bamako en quête de nouveaux partenaires
Invoquant la souveraineté nationale, les autorités de la transition malienne entendent se maintenir plusieurs années au pouvoir, le temps selon elle de « refonder les bases de l’Etat et restructurer les forces armées et sécurité » du pays plongé depuis 2012 dans une grave crise sécuritaire liée à la présence de plusieurs groupes jihadistes sur une grande partie du territoire malien, le Nord et le Centre notamment.
Mais Paris estime que la « la lutte contre le terrorisme ne peut pas tout justifier, elle ne doit pas sous prétexte d’être une priorité absolue se transformer en exercice de conservation indéfini du pouvoir », a déclaré Macron, à l’encontre de la junte militaire au pouvoir au Mali.
Alors que la rupture est consommée, le Mali cherche de nouveaux partenaires. Le retrait de la France pourrait profiter à Moscou et Pékin (Chine). Après avoir signé des accords de défense avec la Russie, le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop a effectué récemment une tournée en Iran et au Qatar pour nouer de nouvelles alliances. Sur le plan économique, la Chine devrait élargir sa sphère d’influence.
Fin janvier, l’ambassadeur de Turquie au Mali était reçu par le Premier ministre de transition Choguel Maïga, pour renforcer la coopération entre les deux pays, notamment en matière de sécurité et dans d’autres secteurs comme le transport et l’économie.
CD/APA