Alors qu’une bonne partie de leurs confrères continuent d’observer la pause des fêtes de fin d’année, les rares journaux camerounais parus mercredi passent au crible le discours de vœux présidentiel.
De cette allocution de moins de 20 minutes, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune a retenu une chose : le début du septennat dit des «grandes opportunités» pose les jalons de l’émergence du pays.
Dans les faits détaille la publication, il s’agit de résoudre définitivement la crise sécessionniste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, de consolider la croissance économique, d’améliorer les conditions de vie des Camerounais et de maintenir la mobilisation pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, dont l’organisation en 2019 a été retirée au pays par la Confédération continentale de la discipline (CAF) pour impréparation.
Des deux mains, L’Épervier applaudit le message, constatant que le président de la République a rassuré les Camerounais, qui a dressé «un bilan élogieux de la Nation durant l’année 2018», et «invité les entrepreneurs de la guerre à déposer les armes, faute de quoi les forces de défense et de sécurité recevront des instructions pour les neutraliser».
Sur le front de l’économie, ajoute ce quotidien à capitaux privés en écho à Cameroon Tribune, Paul Biya propose à ses compatriotes trois préalables pour l’atteinte de l’émergence : le rétablissement de la sécurité, l’accélération de la croissance ainsi que l’amélioration des conditions de vie des citoyens.
Paraphrasant Paul Biya, Le Jour précise pour sa part que les prochaines années seront déterminantes pour le pays, le chef de l’État ayant déclaré que le septennat qui vient de commencer devrait être décisif pour le Cameroun et «pourrait même être l’un des moments les plus importants» de son histoire depuis l’indépendance.
Avec un effort évident d’équilibre à la fois éditorial et graphique, le journal met également en scène le discours de Nouvel An du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, arrivé 2èmeà la dernière élection présidentielle pour qui le Cameroun est aujourd’hui un État effondré, une nation déchirée, les citoyens étant désemparés et défaits alors que s’installe dans leur esprit le doute, le pessimisme et le cynisme.
Pêle-mêle, l’opposant, qui pense par ailleurs que personne ne viendra libérer le Cameroun à la place des populations du joug de la dictature, du népotisme, du vol compulsif, de la rapine des dépravations de toutes sortes, dénonce le cynisme de son adversaire, l’équilibre de la terreur sécuritaire et judiciaire, la logique de propagande et d’enfumage de l’opinion, l’enlisement économique social et culturel
Pour Maurice Kamto, l’alternance politique n’est ni contre quelqu’un ni contre un groupe, un clan, une tribu, un parti politique ou une catégorie de fonctionnaires ou de citoyens : elle vise le mieux-être collectif, à construire une conscience nationale, à rétablir la concorde au sein des populations et à les remettre au travail dans l’intérêt de la jeunesse et des générations à venir.
Connu pour être un insoumis notoire au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), et par ailleurs conseiller municipal de ladite formation dans la capitale, Yaoundé, Saint Eloi Bidoung, dans les colonnes de Le Soir, embouche les mêmes critiques vis-à-vis de Paul Biya, qu’il voit sur un tas d’ordures et qu’il invite à nettoyer sa maison, qui «sent mauvais».
FCEB/cat/APA