Le président de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS), Souleymane Téliko, a fait part à APA dont il était l’invité du Grand oral, son souhait de voir les parquets bénéficier de plus d’indépendance pour notamment intervenir avec célérité dans la résolution des litiges.
« Dans certaines affaires, l’attitude des autorités politiques peut expliquer le retard dans le traitement. C’est important de faire en sorte que les parquets soient performants et qu’ils sortent de l’emprise de l’exécutif. La justice doit être indépendante, surtout vis-à-vis du pouvoir politique », a affirmé Souleymane Téliko.
A en croire le président de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS), « si une affaire intéresse le pouvoir politique, il peut donner des injonctions au procureur. Finalement, le dossier risque de ne jamais être enrôlé ou de l’être tardivement. C’est pourquoi le parquet doit avoir une totale autonomie ».
Toutefois, selon M. Téliko, ce désir de s’affranchir ne signifie pas qu’il faut forcément couper « le cordon ombilical liant le parquet au ministère de la Justice » parce qu’il y a une politique pénale exercée par la tutelle.
Pour le magistrat, cette politique du Garde des Sceaux « doit se traduire dans les faits par des recommandations, des circulaires d’ordre général et non pas par des ordres portant sur tel ou tel dossier ».
Souleymane Téliko, en outre, ne trouve «pas normal de conférer à une autorité politique des pouvoirs dans le traitement des affaires individuelles qu’elles soient signalées ou non parce qu’il y va de la liberté des citoyens. Tout ce qui a trait aux droits et libertés doit être exercé par une personne indépendante du pouvoir politique ».
De plus, M. Téliko s’est demandé s’il est « normal que le pouvoir politique puisse avoir la possibilité d’influer sur le traitement d’une affaire dans laquelle la personne poursuivie est un adversaire politique ».
Une telle pratique, a-t-il relevé, serait « dangereux pour le justiciable et pour la crédibilité de la justice. Quelle que soit l’affaire, signalée ou non, le procureur doit rester libre d’apprécier le traitement qu’il doit en faire ».
En outre, le président de l’UMS a fait savoir qu’ « il y a trois facteurs expliquant la lenteur d’une procédure judiciaire, à savoir la complexité du dossier, le comportement des parties et celui des autorités compétentes, c’est-à-dire des juges et procureurs ».
En effet, a-t-il souligné, « la procédure utilisée ou les insuffisances notées dans celle-ci » peuvent être à l’origine des retards dans le fonctionnement de l’appareil judiciaire.
ID/cat/APA