L’artisan chocolatier ivoirien, Axel Emmanuel Gbaou, a condamné lundi à Abidjan le fléau des « enfants esclaves » dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, à la suite d’un reportage-enquête sur cette pratique diffusé sur des chaînes de télévisions européennes.
« Le travail des enfants dans la cacaoculture est un fléau qu’il faut véritablement condamner parce que la place des enfants est à l’école (obligatoire jusqu’à 16 ans) », a dit lors d’une conférence de presse M. Gbaou, ajoutant que c’est un phénomène qui « jette du discrédit sur le cacao de la Côte d’Ivoire ».
Un reportage-enquête diffusé sur des chaînes de télévisions européennes sur les « enfants esclaves » dans les plantations de cacao dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire, une zone cacaoyère, présentait des adolescents dans des champs, ceux-ci notamment issus pour la plupart de pays de la sous-région.
Selon Axel Gbaou, « si les paysans sont payés de façon équitable » à travers un prix rémunérateur, ils auront inéluctablement « le choix que de mettre leurs enfants à l’école ». C’est pourquoi les acteurs des zones rurales devraient sortir de la misère grâce à un relèvement des cours du marché mondial.
Dans cette optique, dira-t-il, le secteur rural qui constitue « la vache à lait de la filière et des grands industriels du chocolat » pourrait bénéficier des retombées de ses labeurs. Et par, conséquent les paysans, nantis de leurs efforts, pourraient employer une main d’œuvre.
« Tout le cacao de Côte d’Ivoire ( estimé à 40% de la production mondiale soit 2 millions de tonnes de fèves) ne peut pas être produit par des enfants », a fait observer Axel Gbaou, pour qui ce nombre « marginal » de ces enfants dû aux « flux migratoires » ne peut cesser que par la répression.
Le cacao ivoirien aujourd’hui indexé avec ce reportage, a « sali l’image du pays, ensuite, nous qui transformons les fèves de cacao ; et qui essayons de trouver des débouchés, cela crée un peu quelques inquiétudes au niveau des acheteurs », a-t-il poursuivi.
Depuis deux ans, Axel Gbaou, dit travailler sur cette problématique pour adresser la question de la traite des enfants. Il a formé 1.000 femmes de la filière, capables d’apporter une valeur ajoutée primaire aux fèves de cacao, qu’il achète entre 3.000 et 5.000 le Kg, contre 750 Fcfa le prix bord champ.
Selon lui, ce projet qui vise à terme 25.000 femmes, a permis de valoriser les produits de ces femmes, qui s’occupent de leurs enfants, car ayant les ressources financières nécessaires pour assurer la scolarité de leurs progénitures, et mieux faire face aux dépenses du foyer.
Avec cette initiative, le jeune artisan chocolatier ivoirien, Axel Emmanuel Gbaou, veut rassurer les acteurs sur le circuit commercial et le secteur de la cacaoculture sur la nécessité de promouvoir un cacao durable et la traçabilité des fèves.
« Aujourd’hui, si les enfants sont exploités dans les plantations, c’est parce que le prix n’est pas suffisant », a-t-il soutenu, soulignant avoir mis en place ce « schéma » qui se veut une alternative en vue de la transformation des fèves de cacao dans le pays, détenu par des firmes étrangères.
Le secteur du cacao fait vivre quelque 6 millions de personnes en Côte d’Ivoire. Il représente près de 40% des recettes d’exportation du pays. Un autre défi pour l’Etat ivoirien reste la déforestation liée à la cacaoculture dans les aires protégées.
AP/ls/APA