La Banque mondiale (BM) a préconisé, par voie d’un rapport, cinq mesures sur les dépenses publiques au gouvernement camerounais qui aspire à rejoindre, à travers sa «Vision 2035», le groupe des nations industrialisées à revenu intermédiaire.
Dans ce document consulté par APA, l’institution financière invite le pouvoir de Yaoundé à «rectifier l’assise macroéconomique», les pouvoirs publics devant «afficher leur volonté de respecter une discipline macroéconomique et budgétaire» à travers la rationalisation des dépenses publiques, la recherche de nouvelles sources de revenu et la maîtrise de la dette publique.
Pour la BM, seuls un redéploiement des dépenses publiques et des réformes structurelles parviendront à améliorer l’efficacité des dépenses publiques sans menacer la stabilité budgétaire, la réduction de la part des dépenses de l’administration générale et financière, dans le total des dépenses (en particulier les frais de représentation, de missions, de cérémonies, de carburant, de voyages et de services externes) pouvant entraîner de substantielles économies budgétaires, dégageant ainsi une véritable marge de manœuvre en faveur des secteurs sociaux et autres secteurs prioritaires.
S’agissant de la réduction de la dette et de la meilleure gestion des investissements publics, les autorités devraient pouvoir identifier et adopter les mesures à prendre afin d’éviter l’accumulation de pertes financières chaque année, mais aussi hiérarchiser les projets existants tout en renforçant le cycle des projets d’investissement public.
Afin d’améliorer l’efficacité dans le secteur de l’éducation, il convient, insiste la Banque, de procéder par une allocation directe des fonds aux établissements scolaires, via un mécanisme de financement tenant compte de leurs besoins spécifiques et intégrant des incitations à la performance, le transfert direct des fonds étant de nature à renforcer sensiblement la responsabilité des établissements et d’augmenter le montant des dépenses par élève.
S’agissant de l’augmentation et de l’optimisation des dépenses de santé, la BM invite l’État à procéder à un rééquilibrage de la distribution des ressources entre l’administration centrale et les lieux de prestation des services à l’échelon local, et à introduire un système de budgétisation équitable reposant sur une formule de calcul transparente, dans le but d’affecter des moyens aux régions qui en ont le plus besoin.
Dans le cadre du renforcement du système de protection sociale et des filets sociaux, où «le gouvernement a également beaucoup à faire», il s’agira de modifier sensiblement la composition des dépenses en faveur de l’aide sociale, de mieux cibler et de mieux couvrir les risques.
Dans ce domaine, constate la BM, plus de 90 % des dépenses sociales actuelles subventionnent le régime de pensions de la fonction publique et les subventions aux carburants, c’est-à-dire deux types de dépenses couvrant ni les pauvres, ni les principaux risques encourus tout au long de la vie.
Trouvant le taux de pauvreté encore élevé, à hauteur de 37,5% en 2014 au Cameroun, l’institution de Bretton Woods déplore par ailleurs l’insuffisance et l’inefficacité des dépenses en faveur de la santé maternelle et infantile, le coût trop élevé des manuels scolaires, ainsi qu’une hausse sensible des emprunts en vue de financer de lourds projets d’infrastructures, ayant fait grimper la dette publique à 35,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2017 contre 15,9% en 2006.
Avec les effets durables du choc pétrolier de 2014 et la détérioration de la situation intérieure, l’économie camerounaise a marqué le pas, constate la BM, les flambées de violence dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord, conjuguées à un mouvement séparatiste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ayant fini par porter un coup d’arrêt à l’activité.
C’est dans cet environnement défavorable que les dépenses de sécurité sont montées en flèche, aggravant ainsi le déficit budgétaire qui est ressorti à 6,1% du PIB en 2016, le taux de croissance atteignant pour sa part, en 2017, son niveau plancher depuis sept ans, à 3,5%.
On rappelle que le Cameroun, avec sa «Vision 2035», aspire à rejoindre, à cette échéance, le groupe des nations industrialisées à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, avec de faibles taux de pauvreté, une croissance économique soutenue et une démocratie consolidée.
Cette ambition repose sur le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), adopté en février 2009 et dont l’exécution décennale est arrivée à son terme, pour lequel le gouvernement reconnaît lui-même des résultats «mitigés» du point de vue des objectifs globaux en matière de croissance, d’emploi et de pauvreté monétaire, et un bilan «relativement satisfaisant» s’agissant des considérations clés.
FCEB/te/APA