La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, dans un communiqué reçu mercredi à APA, s’est dite émue par la détérioration de la situation politique et sécuritaire au Cameroun.
Sur la persistance des violences et des violations des droits de l’homme dans les régions anglophones du Nord-Ouest et Sud-Ouest, en proie à une guerre sécessionniste depuis octobre 2016 et qui «a causé un nombre inacceptable de victimes et un impact lourd en termes humanitaire et économique», elle a mis en garde contre l’émergence dans le pays de discours de haine basés sur l’appartenance ethnique, un phénomène considéré comme un facteur additionnel d’inquiétude.
Pour Mme Mogherini, la réponse aux défis importants auxquels le Cameroun est confronté ne pourra que passer par un dialogue politique inclusif, dans un contexte de respect des libertés fondamentales et l’État de droit, socle pour le partenariat entre l’UE et son partenaire au bénéfice de tous les Camerounais, l’institution étant par ailleurs prête à soutenir toute initiative dans ce sens.
Au sujet de l’arrestation et la détention prolongée de plusieurs dirigeants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) ainsi que l’ouverture de procédures jugées «disproportionnées à leur encontre devant la justice militaire», la diplomate estime qu’elle «accroît le malaise politique au Cameroun», l’État de droit demandant une justice équitable et la libération des détenus à l’encontre desquels des preuves probantes ne peuvent être présentées.
Attendu au Cameroun les 17 et 18 mars prochains, dans le cadre d’une tournée sous-régionale le secrétaire d’État adjoint américain chargé des Affaires africaines, Tibor Nagy, a lui aussi demandé, dans des déclarations à la presse, aux autorités de Yaoundé d’être «plus sérieuses» dans la gestion de la crise anglophone, estimant que les mesures «symboliques», prises jusqu’à présent, ne sont pas de nature à résoudre la crise anglophone qualifiée d’«extrêmement grave».
Répondant, par voie de communiqué paru mercredi, aux charges de l’UE et des États-Unis, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, estime que ces jugements dénotent une méconnaissance des enjeux, des réalités et des faits concernant l’arrestation de M. Kamto et nombre de ses partisans, ainsi que la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi, «trahissent une grave velléité d’immixtion à peine voilée et inadmissible, dans les affaires intérieures du Cameroun».
FCEB/cat/APA