Le sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines, Tibor Nagy, est attendu dimanche au Cameroun pour une visite de travail de deux jours, dans un climat de grande tension entre les Etats Unis et le pouvoir de Yaoundé, a constaté APA sur place.
Ce séjour, qui intervient dans le cadre d’une tournée sous-régionale, intervient alors que le ton ne cesse de montrer entre les deux pays, suite à des déclarations dudit diplomate que le gouvernement considère comme une «velléité d’immixtion à peine voilée et inadmissible, dans les affaires intérieures du Cameroun».
En l’espace de quelques jours, Tibor Nagy, qui fut au passage adjoint de l’ambassadeur US au Cameroun entre 1990 et 1993, a en effet, dans des sorties médiatiques, estimé que les dizaines de dirigeants et militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), arrêtés le 26 janvier lors de manifestations pacifiques visant à dénoncer le « hold-up électoral », lors de la présidentielle du 7 octobre 2018, étaient des prisonniers politiques.
Demandant la libération de ceux-ci, le diplomate a par ailleurs, à propos de la crise sécessionniste anglophone dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, invité les autorités de Yaoundé à être «plus sérieuses» dans leur gestion de la crise dudit conflit, qui dure depuis octobre 2016.
Regrettant « vivement ces propos qui dénotent une méconnaissance des enjeux, des réalités et des faits», le gouvernement camerounais, relayé par des médias proches, a vigoureusement dénoncé ce que certains n’hésitent pas à qualifier de tentative de déstabilisation des institutions.
Pour le régime de Paul Biya, ces prises de position « inamicales » s’inscrivent ainsi dans un processus d’ingérence notoire des États-Unis dans les affaires intérieures du pays, dont le ton avait été donné à la veille de la dernière élection présidentielle lorsque l’actuel ambassadeur de Washington à Yaoundé, Peter Henry Barlerin, avait invité le chef de l’État Paul Biya, aujourd’hui âgé de 86 ans, à «penser à son héritage et à faire comme Nelson Mandela et George Washington», à «réfléchir à son héritage et à comment il souhaite que l’on se souvienne de lui dans les livres d’histoire».
À l’époque, déjà, le ton était déjà monté, le pouvoir estimant que le peuple camerounais est «souverain», et n’est de ce fait «pas disposé à accepter quelque diktat que ce soit de la part de telle ou telle puissance».
FCEB/cd/APA