Un séminaire international de formulation de la politique nationale de la ville s’est ouvert, mercredi soir dans un grand hôtel abidjanais autour du thème « construire ensemble la ville ivoirienne de demain » sous l’égide du ministère ivoirien de la ville, a constaté, sur place APA, dans la capitale économique du pays.
Selon le ministre de la Ville Albert François Amichia, la problématique de la ville, mieux, de la ville durable est aujourd’hui au centre de toutes les attentions, de par les défis et les opportunités qu’elle représente.
Cette donne , a-t-il poursuivi dans son allocution d’ouverture, s’est particulièrement illustrée ces dernières années par les récents accords internationaux qui, pour la première fois, reconnaissent « les villes comme des acteurs de premiers plans pour agir et faire face aux défis mondiaux que sont le changement climatique, les migrations, la sécurité, l’inclusion sociale, l’emploi, l’égalité femmes–hommes ou encore la formation des jeunes ».
«La Côte d’Ivoire qui connait un taux d’urbanisation avoisinant les 50%, à ce jour, avec une projection estimée à plus de 60% en 2030, doit aujourd’hui faire face aux vulnérabilités inhérentes à l’urbanisation subie et parfois mal maîtrisée » a indiqué le ministre Amichia François.
Selon lui, l’armature territoriale ivoirienne repose sur trois catégories de villes, que sont: les grandes villes, telles qu’Abidjan, San-Pedro (deuxième ville portuaire du pays) et Yamoussoukro qui sont également des connecteurs globaux ; les villes régionales indispensables aux échanges commerciaux et qui relient les grandes villes du pays à la sous-région et les petites villes qui concentrent l’essentiel de la production agricole du pays.
« Ces deux dernières catégories représentent les villes secondaires ou intermédiaires. Aujourd’hui, les disparités qu’elles présentent nous exigent d’y agir dans le cadre d’une stratégie équitable et concertée. Nous sommes appelés à bâtir les cités de demain, à repenser les villes ivoiriennes comme l’a souligné une étude récente de la Banque mondiale, qui indique d’ailleurs que notre pays se situe sur une trajectoire vertueuse pour accéder au statut des pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030… », a-t-il fait remarquer.
Cependant, l’accès a ce statut est intimement corrélé à un impératif de gestion rationnelle de l’urbanisation, autrement dit, la croissance économique isolée des questions de croissance urbaine (démographique) ne suffit pas à stabiliser un développement durable.
« C’est donc ce tableau mettant en relief les défis urbains et les opportunités qu’elles présentent qui nous conduit aujourd’hui à envisager une politique urbaine concertée, connectée et savamment projetée », a-t-il justifier la tenue du séminaire qui durera trois jours.
De façon spécifique, a précisé M. Amichia, la ville ivoirienne de demain devra être « une ville productive, basée sur le développement économique équitable comme composant essentiel à toute ville durable et génératrice d’emplois décents …, une ville inclusive favorisant la mixité et la cohésion sociale, une ville planifiée se projetant sur le long terme, une ville écologique intégrant l’efficacité carbone, une ville résiliente ayant une capacité d’adaptation aux différentes formes de contraintes et une ville sûre et saine, c’est-à-dire, une ville qui pratique l’inclusion et améliore la qualité de vie de ses citoyens…», a-t-il espéré.
Auparavant, Michèle Sabban, Administratrice du Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV), saluant l’initiative ivoirienne qui peut être accompagnante pour les autres pays, a émis le vœu de « trouver des solutions curatives pour les villes d’aujourd’hui (…) et planifier les villes de demain et des enjeux à venir avec une population urbaine qui dépassera le milliard d’habitants dans moins d’une génération ».
« Nous devons planifier dès à présent des villes accessibles, abordables et vivables pour toutes et pour tous. Et si les récents accords internationaux répondent à ces défis qui n’ont pas de prix pour l’humanité, ils ont en revanche un coût important pour la puissance publique et particulièrement en Afrique », a déclaré Mme Sabban.
Sur les 90 milliards de dollars estimés nécessaires de mobiliser dans les 30 prochaines années pour atteindre ces objectifs, seuls 25% viendront des ressources publiques et 75% de l’investissement privé, a-t-elle révélé appelant à « innover pour à la fois accompagner les politiques et dispositifs publics à se développer dans les cadres fixés par les accords tout en stimulant l’engagement des investisseurs privés ».
Représentant le Premier ministre Amadou Gon, président de la cérémonie, le Ministre d’Etat, ministre de la défense Hamed Bakayoko a relevé que « nos villes sont au cœur de la création de richesses et d’emplois » car elles abritent avec leurs périphéries, « en majorité les industries et les entreprises » avec 70% du Produit intérieur brut (PIB) mondial.
« La croissance démographique des villes constitue un enjeu majeur pour tous les gouvernants et une préoccupation pour les populations elles-mêmes. Pour maintenir la cohésion sociale et garantir la sécurité, nos Etats ont la responsabilité de trouver des solutions concrètes aux problèmes de transport, de logement et de nuisance dans nos villes », a souligné M. Bakayoko, indiquant qu’en Côte d’Ivoire, « la politique de développement urbain a toujours été au cœur de l’action gouvernementale ».
Il a, par ailleurs, traduit l’engagement du gouvernement aux côtés du ministre de la ville pour donner « un contenu à son département comme le présent séminaire dont le gouvernement attend des solutions appropriées » le démontre.
De nombreux experts en provenance de France, de Belgique, du Sénégal, du Maroc, du Rwanda, du Mali au nombre desquels Dominique Strauss-Kahn, ancien Directeur général du FMI, Pierre Andriamampianina, secrétaire général adjoint du Sommet Afrique-France 2020 participent à ce séminaire meublé de table-rondes thématiques et qui sera sanctionné par un rapport général et des recommandations.
HS/ls/APA