Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed dit Ould Ghazouani, vainqueur de l’élection présidentielle mauritanienne avec 52,01% des suffrages, selon les résultats provisoires de la Ceni, est si proche du président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz que d’aucuns le présentent comme son « ombre ».
C’est au début des années 1980 que démarre leur compagnonnage, quand Aziz et Ghazouani suivent la même formation militaire à Meknès au Maroc.
Sur le champ politique, ils affichent également leur complicité à travers deux coups d’Etat fomentés en 2005 et 2008 par Abdel Aziz. Lors du dernier putsch, celui de 2008, Ghazouani, devenu chef d’état-major des armées, s’avère d’un appui décisif car son ami s’empare enfin des rênes du pouvoir.
Un an plus tard, il organise et gagne la présidentielle, se conférant ainsi une légitimé. Durant les deux mandats de cinq ans que Aziz passe à la tête de la Mauritanie, Ghazouani est à ses côtés. Une fidélité récompensée sous la forme d’une nomination à la tête du ministère de la Défense. En outre, lorsque Aziz blessé accidentellement par balle en octobre 2012 va se soigner en France, Ghazouani joue discrètement les intérimaires en veillant en coulisses sur le fauteuil présidentiel.
Ainsi, c’est naturellement que le président Aziz, écarté de la présidentielle de cette année par la Constitution qui limite à deux les mandats du chef de l’Etat, choisit Ghazouani pour lui succéder.
Ce dernier quitte alors le ministère de la Défense en novembre 2018 et annonce, le 1er mars 2019, sa candidature à la présidentielle du 22 juin dernier.
Agé de 62 ans, Ghazouani, fils d’un chef de confrérie musulmane, originaire de la wilaya (préfecture) de l’Assaba (sud de la Mauritanie) peut sortir enfin de l’ « ombre » de son frère d’armes et se forger tout seul un destin présidentiel.
Durant la campagne présidentielle, Ghazouani qui passe pour un homme « plus posé » que son ami Aziz, ne le cède en rien aux cinq autres candidats, tous de l’opposition. En plus d’apprendre à donner des coups comme tout bon politicien, il décroche plusieurs souteneurs en enrobant ses discours de promesses mirobolantes comme celles de « construire 10.000 logements sociaux et d’employer 100.000 jeunes », une fois décrochée la magistrature suprême.
Pour l’opposant Mohamed Maouloud, par ailleurs candidat à la présidentielle, Ghazouani fait dans la continuité car il est simplement un «des piliers du système» mis en place par Aziz.
Qu’importe, Ghazouani n’en continue pas moins de tisser sa toile et, provocateur, il suscite la colère de l’opposition en s’autoproclamant vainqueur du scrutin, quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote. Dimanche soir vers 23h, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) lui donnera raison en le déclarant vainqueur au premier tour.
Vu sa grande discrétion en ce qui concerne sa famille, c’est par bribes qu’on obtient des informations sur sa vie privée. Selon un journaliste mauritanien interrogé par l’envoyé spécial de APA, Ghazouani a « cinq enfants » dont deux avec son actuelle épouse, Mariem Dah, une dentiste formée en Syrie.
L’un de ces deux enfants, est un « autiste », d’après le confrère, soulignant que ce handicap a poussé sa mère à créer une association dédiée aux personnes atteintes par ce trouble et enclines au repli sur soi.
Toutefois, souffle notre source, Ould Ghazouani avait auparavant convolé en premières noces avec sa cousine, Khadidiatou Gazhouani, puis avec Mariem Lahah, nièce… du président Abdel Aziz.
ODL/te/cat/APA