Les nouveaux textes portant sur le système de rémunération des directeurs généraux «risquent d’être un frein aux performances et à la compétitivité des entreprises publiques au Cameroun», affirme une étude réalisée par le cabinet d’expertise comptable Bekolo & Partners.
Ces mesures, prises le 19 juin par voie de décret présidentiel et bien qu’apportant des réponses à certains problèmes de gouvernance, laissent en effet transparaitre la volonté de l’État-actionnaire de mettre lesdites sociétés sous tutelle. Cela fait suite aux révélations de scandales financiers de ces dernières années, faisant que l’Etat veut comme laisser le moins de marge de manœuvre possible à ces entités publiques.
Toutefois cette enquête, qui met en garde contre la trop grande tendance à encadrer lesdites sociétés par des textes, déplore que l’État dépouille les conseils d’administration de leurs prérogatives, créant donc des frustrations aux directeurs généraux tout en compromettant les performances des entreprises publiques.
Au cours des 15 dernières années, constate Bekolo & Partners, la fonction de directeur général d’entreprise publique au Cameroun est devenue très risquée. Plusieurs ex-DG se sont retrouvés en prison ou inquiétés aux motifs de détournements de fonds ou d’avoir perçu des rémunérations indues.
Aujourd’hui, plusieurs responsables, dès leur nomination, organisent des cultes religieux pour implorer la grâce divine, leur objectif n’étant plus de réaliser de bonnes performances pour leur entreprise mais d’éviter les poursuites et la prison.
«Cette psychose, que vivent les directeurs généraux des entreprises publiques au Cameroun, est due entre autres à l’ancienneté des textes réglementaires qui encadraient leur rémunération sans tenir compte de l’évolution de l’environnement économique, social et politique du pays », explique le document.
Selon la nouvelle règlementation, la rémunération, les indemnités et autres avantages des dirigeants de sociétés publiques, ainsi que leurs adjoints, seront désormais indexés sur le chiffre d’affaires des entités dont ils ont la charge. Celle-ci vise les dirigeants des établissements publics classés en 5 catégories, et dont les revenus étaient jusqu’ici indépendants de la productivité.
FCEB/odl/cat/APA