Les nouvelles habitudes culinaires sont nocives pour la santé des Africains, a confié à APA le chef Christian Abégan, membre du jury de la célèbre émission de télévision «Star Chef» et ambassadeur de la gastronomie africaine.
Interrogé en marge de la première édition d’«AfroGourmands» qui a fait étape mardi et mercredi dans la métropole économique camerounaise, Douala, Christian Abégan se montre amer lorsqu’on évoque l’envahissement du marché par les «bouillons-cube» qui, selon lui, sont à l’origine de cancers et autres maladies cardiovasculaires.
Les produits issus de la mondialisation sont très mal adaptés et positionnés par rapport à la gastronomie ancestrale, affirme l’auteur du livre «Le patrimoine culturel africain» et d’un livret de recettes culinaires.
Selon Christian Abégan, l’équilibre alimentaire constitue un principe de santé publique. Il envisage ainsi de sensibiliser les Africains contre la malbouffe afin, dit-il, de les amener à consommer moins gras, moins salé et moins sucré.
«L’Afrique a plus de 5000 ans d’histoire culinaire, et il ne faudrait pas que certains pays se sentent en marge ou en retrait. Nous avons une pléthore d’épices, qui constituent notre ADN et que le monde doit découvrir, soutient Christian Abégan. Mais, pour cela, il faut y trouver des accommodements, des identités et donc une signature ».
Cette approche a amené le chef Abégan à s’associer au projet «AfroGourmands», lancé par la Commission européenne et le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL) de France et qui a déjà fait escale à Dakar au Sénégal et à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
En dehors de la valorisation des produits laitiers hexagonaux, ledit projet comporte également des ateliers de formation pour les professionnels africains de l’art culinaire.
«Je me suis mis avec des spécialistes français de la filière laitière parce qu’ils ont réussi à codifier leur gastronomie et le lait apporte l’équilibre dans notre alimentation », explique Christian Abégan.
Il ajoute : « Nous devons, nous aussi, avoir des normes et un esprit d’ouverture pour que notre cuisine soit mieux connue et avoir de meilleurs débouchés à l’international. C’est d’un métissage culinaire qu’il s’agit. Notre cuisine doit voyager avec ses ingrédients ».
FCEB/odl/cat/APA