Circuler actuellement à Douala est un véritable casse-tête pour les automobilistes et les voyageurs, englués quotidiennement dans d’interminables embouteillages. Ce calvaire dure depuis un mois, quand les autorités ont entrepris pour 45 milliards de FCFA de bitumer une « pénétrante » (bretelle) à l’est de la deuxième ville du Cameroun.
Conçue en trois voies, l’infrastructure sera un débouché de plus vers Yaoundé, la capitale, située à 244 km de Douala.
Conjugué aux pluies, le chantier de la pénétrante ralentit considérablement la circulation des voitures, des voyageurs et biens à l’intérieur de la deuxième ville du Cameroun dont les principales artères baignent dans des bouchons permanents. La situation est telle, déplore cet habitant, qu’« il faut en moyenne 3 heures du temps pour parcourir une distance de 10 km »,
Tout à sa complainte, il désigne de la main une file de véhicules avançant au pas de tortue sur une route. De nerveux et bruyant klaxons rythment la lente procession, pendant que des automobilistes n’en pouvant plus de suivre le rang cherchent des raccourcis, histoire de gagner quelques kilomètres.
« Depuis plus de deux heures, nous sommes sur place. Partis du centre ville à 7 heures, nous n’arrivons pas encore à sortir de la ville, alors qu’il est déjà dix heures. Trois heures pour parcourir une dizaine de kilomètres, c’est inacceptable ! », s’emporte le chauffeur d’un bus de transport en commun.
A en croire un autre automobiliste, il faut maintenant sept heures d’horloge et non quatre, comme auparavant, pour parcourir les 244 km séparant Douala de Yaoundé.
Les habitants de Yassa, Nkolmbong, Ngodi-Bakoko, Nyalla, des quartiers à la périphérie de Douala, connaissent, dans le sens inverse, les mêmes problèmes quand ils doivent se rendre à leur lieu de travail situé au centre ville de la métropole.
« J’ai pris la résolution de partir de chez moi à Yassa à 5h30 mn pour arriver à mon bureau situé au port. Si je ne le fais pas, je serai au bureau autour de 10 heures », explique Emmanuel Bike.
Pour ce cadre d’entreprise, c’est la seule solution pour s’épargner les longues attentes dans les bouchons dont on sort « en retard, fatigué et peu productif », une fois au bureau.
Un brin nostalgique, il rappelle qu’avant le chantier de la « pénétrante », il sortait à 7h de chez lui pour parcourir en 30mn les 15 km le séparant de son bureau.
A la descente, ce sera le même parcours du combattant, affirme Rodrigue Anga, habitué maintenant à rentrer chez lui au-delà de 20h. « Parti du bureau à 17 heures, je mets plus de trois heures pour renter », dit Rodrigue. Auparavant, le trajet lui coûtait moins d’une heure….
Le plus désespérant, pour Emmanuel, Rodrigue et les autres voyageurs de Douala, réside dans le fait qu’il n’y a quasiment pas de policiers pour réglementer la circulation et mettre un peu d’ordre dans les embouteillages. Devant pareille situation les chauffeurs indisciplinés s’en donnent à cœur joie et contribuent, de par leur comportement défiant les règles élémentaires du code de la route, à ralentir considérablement la circulation.
La nature ayant horreur du vide, des volontaires prennent quelquefois l’initiative de jouer aux agents de circulation. C’est ce qui s’est produit, l’autre jour, au lieu dit « Cogefar», quand face à un bouchon indescriptible, des bonnes volontés ont réussi bon an mal an à faire repartir la file de véhicules immobilisés durant une bonne demi-heure.
Ce volontarisme est accompagné d’un ras-le-bol général où l’on dénonce pêle-mêle « le mépris affiché de nos gouvernants contre la souffrance des populations », l’inaction des élus locaux et l’imprévoyance de l’Etat consistant à ouvrir un tel chantier en saison des pluies. Un moment où beaucoup de routes sont impraticables à cause des eaux stagnantes.
MBOG/cat/APA