Dans la capitale, Rabat, les magasins qui vendent les téléphones mobiles et leurs accessoires sont infestés de matériels contrefaits, notamment les chargeurs de téléphones, qui ont causé de nombreux drames au Maroc ces dernières années, provoquant des incendies ayant détruit des maisons et fait des victimes.
En voulant acheter un chargeur de téléphone, le vendeur te pose une question centrale : « voulez-vous acheter un chargeur normal ou d’origine », sachant que tous les chargeurs sont importés de Chine.
La semaine dernière, la question des chargeurs de téléphones contrefaits sur le marché marocain a fortement repris le débat public après l’incendie qui s’est déclaré dans une maison à Sidi Allal Bahraoui (20 Km au Nord de Rabat), brûlant vive une jeune fille de 6 ans de façon dramatique et soulevé la question de savoir qui est responsable de la promotion de ces produits dangereux.
Selon Bouazza Kharrati, président de la Fédération marocaine des droits des consommateurs, la responsabilité de commercialiser les chargeurs de téléphones contrefaits est partagée entre le gouvernement et les consommateurs.
Le ministère marocain de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique a agi en plaçant le marquage CE sur la conformité des chargeurs aux normes marocaines.
Cité par le site électronique marocain, « Hespress », M. Khrarrati estime que la responsabilité de protéger les citoyens des dangers des chargeurs téléphoniques contrefaits incombe en premier lieu au gouvernement, qui est tenu de protéger le citoyen marocain de tout danger et de soumettre au contrôle tous les produits qui accèdent aux marchés marocains.
Bien que les importateurs soient tenus de prouver que les produits qu’ils importent de l’étranger sont conformes aux normes marocaines, le contrôle des chargeurs de téléphones importés fait défaut. Face à l’invasion du matériel contrefait ou de mauvaise qualité, le dispositif de contrôle s’avère impuissant, a-t-il relevé, attribuant ce manque de contrôle à une insuffisance des ressources humaines et de capacités logistiques.
Depuis 2015, une norme marocaine obligatoire NM EN 60335-2-29 définit les spécifications techniques à respecter par les chargeurs électriques, notamment en ce qui concerne l’étiquetage, l’échauffement, la résistance à la chaleur, à l’inflammation ou à l’humidité.
Dans une circulaire publiée en janvier 2018, l’Administration des douanes avait précisé le seuil à partir duquel le contrôle est exigible sur l’importation de certains produits industriels, dont le matériel électrique destiné à être employé dans certaines limites de tension.
Pour le cas des chargeurs de batteries, l’enlèvement sans contrôle des produits importés est ainsi autorisé dans la limite de 5 unités.
La même procédure de prélèvement des échantillons et d’analyse en laboratoire est appliquée au niveau des points de vente des chargeurs à bas prix sur le marché local.
Mais malgré ce dispositif de contrôle, les chargeurs à bas prix et de mauvaise qualité sont encore partout. L’ampleur du phénomène semble dépasser tous les efforts de l’Administration.
Le ministère de l’industrie reconnait que le contrôle à lui seul est insuffisant pour éradiquer les risques liés à l’utilisation des produits électriques en général et plus particulièrement ceux inhérents aux chargeurs de téléphones portables.
« L’une des causes principales des accidents résultant de l’utilisation de ces chargeurs, réside dans leur mauvais usage. Certains consommateurs utilisent ces appareils dans des conditions inappropriées, les placent sur des produits inflammables (sur un tissu, sous un coussin, …), notamment pendant le coucher », précise-il.
Mais il y a le facteur prix qui est déterminant. Un chargeur de qualité coûte au moins 16 dollars (150 DH) contre 1,5 à 3,15 dollars pour un chargeur adaptable de mauvaise qualité. Ce dernier peut coûter à l’utilisateur sa vie
La responsabilité incombe également au citoyen qui ne soucie que du prix du matériel sans pour autant chercher la qualité du produit.
HA/APA