La polémique autour du mur équato-guinéen, en construction à la frontière avec le Cameroun dans la localité de Kyé-Ossi (400 km au sud de Yaoundé), était jeudi au centre d’une réunion de crise à Yaoundé entre le chef de la mission diplomatique de Malabo, Anastasio Asuma-Mum Munoz et le ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures, Félix Mbayu, a appris APA vendredi de source officielle.
Selon des indiscrétions, le gouvernement camerounais tenait, à travers cette séance de travail d’une quarantaine de minutes, à comprendre les motivations qui poussent son voisin à ériger une barrière de séparation, que certaines informations situent en territoire camerounais.
Au sortir de la réunion, le diplomate a certes reconnu l’existence d’un chantier de mur frontalier, mais tenté de dissiper les craintes camerounaises : «Ce n’est pas sur la frontière. C’est dans le domaine équato-guinéen», a déclaré Anastasio Asuma-Mum Munoz.
«En tant que pays voisins et frères, on est condamnés à être ensemble. C’est la nature qui nous l’impose. C’est donc normal, quand il y a une mésentente, qu’on s’assoit pour voir et corriger les défauts. Tout le monde sait ce qui se passe entre les deux pays. Le ministre des Relations extérieures m’a invité à une réunion pour demander des explications sur ce qui se passe», a indiqué M. Munoz.
Et ce dernier d’ajouter : «Je peux vous assurer que l’information qui est sur les réseaux sociaux, faisant état de ce que les soldats équato-guinéens ont traversé la frontière pour aller mettre les bornes, n’est pas vraie. Nos soldats ne peuvent pas traverser la frontière pour poser les bornes.»
Reste que ces dénégations sont loin de rassurer Yaoundé. En fin juillet dernier en effet, le chef d’état-major de l’armée camerounaise, le général René Claude Meka, s’est rendu sur place au moment où plusieurs sources signalaient l’empiétement de la frontière par des soldats équato-guinéens qui, indiquait-on, avaient défriché des layons (lignes) au-delà du cours d’eau matérialisant la frontière naturelle entre les deux pays.
Plus tard, sur la radio à capitaux publics, l’armée avait dénoncé les velléités expansionnistes du voisin, alors que l’officier général cité plus haut déclarait que l’armée camerounaise ne permettrait «aucune intrusion illicite» sur le territoire camerounais.
Sur le même chapitre, plusieurs incidents, ponctués de fermeture temporaire du poste frontière, d’expulsions massives de ressortissants camerounais, ont été signalés ces derniers mois à Kyé-Ossi. Par ailleurs, en décembre 2017, une trentaine d’hommes armés, présentés comme acteurs d’un coup d’État manqué à Malabo, avaient été interpellés par l’armée camerounaise dans cette localité située à quelque 400 kilomètres au sud de Yaoundé.
FCEB/ard/cat/APA