La sortie du chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé, lundi dernier à New-York en marge de la 74ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, appelant ses compatriotes à se préparer « pour un référendum », a suscité la réaction de la classe politique guinéenne, notamment l’opposition qui dénonce une tentative de «coup d’Etat constitutionnel».
Pour Dr Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, principal parti d’opposition), Alpha Condé « n’a pas besoin de la position du peuple » par rapport à la réforme constitutionnelle.
« Pendant que le Premier ministre est en train de consulter les gens, le président Alpha, lui-même a donné les résultats. Cela veut dire que l’avis du peuple ne l’intéresse pas. Tout ce qui l’intéresse, c’est son avis. Il a voulu juste se donner une certaine légitimité en demandant au Premier ministre de rencontrer les gens », a-t-il indiqué.
« Avec cette sortie, nous pensons que le président de la République a décidé de franchir le Rubicon », souligne Siaka Barry, président du Parti Guinée Debout (PGD), tout en annonçant que le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) va se retrouver pour apporter une réponse idoine à ce qui s’apparente, selon lui, « à une sorte de provocation venant du président de la République à l’endroit du peuple de Guinée ».
« Nous avons dépassé le stade de la méditation et des discours creux. L’heure est à l’action. Parce que nous avons en face des adversaires qui, le plus souvent, ne comprennent que le langage de la force », martèle M. Barry.
Cependant, la mouvance présidentielle estime qu’il n’y a rien d’étonnant quand le président de la République annonce un referendum. « Il suit l’évolution des consultations et voyant l’engouement, il a fait une déclaration. Il y a un engouement autour des consultations nationales. S’il y a une majorité qui se prononce en faveur d’une nouvelle constitution, il y aura forcément un référendum », déclare le député Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle à l’Assemblée nationale.
En séjour aux Etats-Unis, le chef de l’Etat guinéen a appelé pour la première les Guinéens à se préparer pour un référendum, alors que dans une adresse à la nation le 04 septembre 2019, il avait instruit son Premier ministre à entamer des consultations nationales sur un changement constitutionnel. Depuis lors, le Pm Ibrahima Kassory Fofana rencontre acteurs politiques et membres de la société civile.
SD/te/APA