Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) de Côte d’Ivoire, a initié mardi une plate-forme permanente d’échanges avec les partis et groupements politiques en vue d’une élection présidentielle apaisée en 2020.
Ce dispositif se veut « un mécanisme de travail pour éviter que 2020 accouche de 2010 », a déclaré Mme Namizata Sangaré, la présidente du CNDH, lors d’une rencontre avec des représentants de partis et groupements politiques, au siège de l’institution à Abidjan.
Tous les représentants des partis présents à la séance ont avoué avoir «peur» de l’issue de la présidentielle ivoirienne d’octobre 2020. Rassurant ces organisations, Mme Namizata Sangaré, a dit «faites- nous confiance » tout en insistant que « 2020 n’accouchera pas de 2010 ».
La Côte d’Ivoire a connu une grave crise post-électorale en 2010/2011 ayant occasionné plus de 3 000 morts selon des enquêtes officielles. Pour garantir le respect des droits de l’Homme lors des joutes à venir, le CNDH a initié une rencontre avec les points focaux « Droits de l’Homme » des partis politiques.
Au cours des discussions, les partis politiques ont exprimé des besoins en termes de pérennisation de rencontres d’échanges, ce que la présidente de la CNDH a admis. Ils ont en outre appelé l’institution à s’autosaisir sur les cas de violations de droits de l’Homme et mener des actions de prévention.
Le représentant de Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (RACI, opposition), le député Fofana Bassatigui, a dénoncé des cas d’enlèvement de leurs militants, déplorant ces actions qui ont lieu en dehors de toute procédure judiciaire.
Pour sa part, Marguerite Ahoulou Langui, le point focal droit de l’Homme du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), le parti fondé par Laurent Gbagbo, il existe encore des prisonniers proches du parti et des exilés en détention.
Mme Ahoulou a invité le CNDH à porter une attention particulière aux prisonniers de la crise post-électorale et aux exilés, en vue de faire respecter leurs droits et aider à réhabiliter les victimes de droits de l’homme, tout en l’appelant à multiplier les communications sur ses actions.
Quant au représentant du point focal droit de l’Homme du Rassemblement pour la démocratie et la paix (Rhdp, pouvoir), Audrey Delaclé, elle a relevé que la formation politique est attachée à la question des droits de l’Homme et envisage davantage former les militants dans ce domaine.
Les partis politiques légitiment et stabilisent le régime démocratique, en le faisant fonctionner. Et en tant qu’animateurs du débat politique, le CNDH estime qu’ils doivent « davantage être mis à contribution pour renforcer le respect des droits de l’Homme, la stabilité et la paix dans notre pays. »
Après les échanges, le CNDH et les partis politiques se sont engagés à pérenniser les rencontres d’échanges sur la valorisation des droits de l’homme. Les partis politiques, eux, se sont résolus à travailler au respect des droits de l’homme en tout temps et particulièrement en période électorale.
Ces acteurs politiques se sont également engagés à contribuer à « la prévention des conflits à la réconciliation nationale, cohésion sociale et la Paix par la promotion et la protection des droits de l’Homme ».
Cette plateforme d’échanges permanente dont la périodicité reste à définir devrait être officiellement mise en place pour faciliter les échanges et le partage d’expérience en matière des droits de l’Homme. Un calendrier sera bientôt élaboré pour travailler à la mise en place du mécanisme d’interaction.
Des séances de renforcement de capacités seront par ailleurs organisées à l’endroit des points focaux des partis politiques afin que les violations des droits de l’Homme soient évitées par les sympathisants et militants des formations politiques.
AP/ls/APA