La mort annoncée dimanche du chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, soulève depuis lors des interrogations sur l’avenir des mouvements djihadistes, affiliés à l’Etat islamique en Afrique particulièrement dans le Sahel, qui sont désormais contraints « à s’organiser et à s’autogérer », a expliqué le chercheur et consultant français sur les questions islamiques, Achraf Ben Brahim dans une interview accordée à APA.
« Je pense que ces structures +au Sahel+ seront finalement appelées à s’organiser et à s’autogérer. Parce que le commandement de Daech (acronyme de l’EI en arabe) va être en proie à des conflits, j’imagine internes, pour la succession d’al-Baghdadi », souligne le consultant français.
Suite à la mort d’al-Baghdadi annoncée dimanche par le président des Etats-Unis, Donald Trump, lors d’une opération des forces spéciales américaines dans le nord-ouest de la Syrie, dans la région d’Idleb, Ben Brahim doute de la capacité de Daech de tenir de manière ardue l’organisation et la stratégie des groupes terroristes dans le Sahel.
Homme le plus recherché au monde avant son décès, il s’était autoproclamé leader de cette organisation qui « s’est étendue en Afrique à la faveur des conflits ethniques et la chute de Khadafi et de la Libye » en 2011.
Ces évènements « ont été l’un des premiers arsenaux dans lesquels les mouvements djihadistes (affiliés à Daech) se sont armés », ajoute le chercheur français, auteur en 2016 de « L’Emprise, enquête au cœur de la Djihadosphère ».
Par ailleurs, leur ascension au Sahel a été surtout constatée au Nigéria et au Cameroun avec le groupe Boko Haram ainsi qu’au Mali avec « Adnane Abou Walid al-Sahraoui (qui) est le chef des combats au nord et qui a prêté allégeance à Daech en 2015 ».
Si Abdoulatif Aidara, enseignant au Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS) de Dakar, estime pour sa part que « la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi ne signifie pas la fin de Daech », la réorganisation de ses ramifications dans le Sahel va s’annoncer « compliquée » , selon Achraf Ben Brahim.
Cependant « une chose est sûre, c’est que ces mouvements ne disparaîtront pas » et le danger restera « important » sur le côté opérationnel, prévient le consultant français.
Par ailleurs « la mort de Baghdadi changera peut-être quelque chose au niveau de la symbolique » en plus des « affaiblissements » que connaîtront les groupes affiliés à Daech dans le Sahel.
Toutefois, estime Achraf Ben Brahim, la force de ces groupes réside dans le fait « qu’ils sont capables de se transformer et de s’organiser malgré les défections et les morts de dirigeants ; parce que ce sont des organisations qui sont rompues à la clandestinité ».
ODL/Dng/APA