Les pays du Sahel ne sont «pas au bout de leurs peines » dans la lutte qu’ils mènent contre le terrorisme, a déclaré, mardi à N’Djaména, le président tchadien Idriss Déby, soulignant que ce combat est rendu difficile par les crises et conflits qui affectent les Etats voisins du Sahel.
«Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines » malgré l’immense sacrifice consenti par les forces de défense et de sécurité du Tchad dans la lutte contre le terrorisme au sein de la force multinationale mixte du bassin du Lac-Tchad et dans la force conjointe du G5 Sahel, a affirmé le président Déby qui s’exprimait à l’ouverture d’une conférence des ambassadeurs tchadiens accrédités à l’étranger.
« Les opérations conduites par ces deux forces ont certes, a-t-il ajouté, permis d’affaiblir et de contenir les groupes terroristes, mais la menace fait preuve d’une résilience déconcertante, comme le prouve la multiplication des attaques meurtrières successives de ces dernières semaines au Burkina et au Mali».
«Face à ces terroristes qui n’aspirent qu’à détruire nos États et à propager l’obscurantisme au prix des massacres et de la désolation, nous n’avons pas d’autre choix que d’engager une guerre totale pour les anéantir en vue d’assurer notre propre sécurité et celle de la sous-région dont l’instabilité nous impacte directement », a martelé le président tchadien.
Les conflits dans les pays voisins immédiats et l’insécurité provoquée par Boko Haram ont eu « des répercussions extrêmement graves sur l’économie du Tchad », a-t-il déploré.
Donnant l’exemple de son pays, il a déclaré : « toutes nos exportations et importations vers le Nigeria, notre premier partenaire économique, la Libye et la RCA, sont brutalement arrêtées, causant un énorme manque à gagner, et entraînant une cherté de vie sans précédent dans notre pays ».
A ces problèmes économiques, sont venus se greffer, selon Idriss Déby, «le retour massif au pays de plus de 500 mille de nos compatriotes rapatriés de la Libye et de la RCA, sans compter la présence, depuis 2003, sur notre sol, de centaines de milliers de refugiés venant des pays voisins ».
« Par ailleurs, il convient, a-t-il souligné, de rappeler que notre pays, tout comme l’ensemble du Sahel, sont victimes des conséquences de l’intervention de l’OTAN en Libye, en 2011 ; une intervention qui est un véritable désastre pour lequel l’Afrique n’a aucune responsabilité à assumer ».
Une des conséquences de cette situation a fait que « dès 2011, la Libye est devenue un repaire des bandes criminelles et des groupes terroristes de tous bords, et constitue une source de ravitaillement des terroristes actifs au Sahel et dans le bassin du Lac-Tchad », a-t-il dénoncé, avant de soutenir que la lutte contre le terrorisme est devenue « un fardeau » que la communauté internationale doit, comme elle l’a fait en Afghanistan et au Moyen-Orient principalement, partager avec les pays du Sahel.
« Nous devons donc constamment interpeller ceux qui nous ont plongés dans cette situation d’insécurité généralisée, sans être consultés, ni préparés, pour leur rappeler leur devoir moral de tenir les multiples promesses qu’ils nous font ici et là lors des conférences internationales de mobilisation de fonds », a insisté le chef de l’Etat tchadien.
Il a toutefois relevé que pour vaincre le terrorisme, il est nécessaire d’allier à la force militaire « un effort conséquent de développement socio-économique ».
AHD/odl/cat/APA