La décision, annoncée la veille par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) de boycotter les élections législatives et municipales du 9 février 2020, est en haut de l’affiche des journaux du pays parus mardi.
À travers sa manchette «Le MRC n’ira pas aux élections», Le Jour indique que cette formation, pour expliquer sa posture et en appelant les Camerounais à ne pas se rendre aux urnes, invoque la nécessité de résoudre préalablement la crise sécessionniste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
«Coût de théâtre !» s’exclame Mutations : l’un des principaux adversaires du pouvoir a fini par rendre les armes, las de subir les obstructions d’une administration publique aux ordres et qui, de manière ostentatoire, refusait de délivrer aux représentants du MRC les documents requis pour la constitution de leurs dossiers. Et de se pencher sur les enjeux et lourdes conséquences de ce volte face sur la scène politique nationale.
Il s’agit d’une décision dont les conséquences vont bien au-delà de la sphère politique nationale, appuie Émergence qui voit, dès lors, le parti en réserve de l’animation et du calendrier politique du pays pendant les années à venir.
C’est plutôt un aveu d’échec d’une stratégie fondée sur la surenchère et la défiance permanente du régime de Yaoundé, corrige Le Point Hebdo. Habitué à l’anarchie, le parti de Maurice Kamto, acquiesce Génération Libre, a fini par craquer face à la fermeté du gouvernement, qui rend désormais les partis politiques responsables en cas de troubles à l’ordre public.
Ce leader, rappelle Le Soir, ancien membre du gouvernement passé avec armes et bagages chez l’ennemi, s’était autoproclamé président élu à l’issue du scrutin du 7 octobre 2018, entraînant plus d’une centaine de partisans derrière les barreaux du fait de son attitude frondeuse.
Le régime de Yaoundé, analyse The Guardian Post, sur lequel le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, aux affaires) a fait main basse, plutôt que de se réjouir du retrait de son plus redoutable adversaire, devrait se sentir couvert de honte. Pour le quotidien à capitaux privés de langue anglaise, la décision du MRC révèle davantage la réticence du pouvoir à s’inscrire véritablement dans la voie de la démocratie.
FCEB/cat/APA