Le président ivoirien Alassane Ouattara a dit, jeudi soir à Katiola (430 km au Nord d’Abidjan), être favorable à une « caution minimum de 100 millions de FCFA » pour l’élection présidentielle d’octobre 2020, ce qui pourrait permettre d’éviter un nombre pléthorique de candidatures à ce scrutin.
Echangeant avec les cadres de la région du Hambol où il séjourne depuis mercredi pour une visite d’Etat de quatre jours, le président Alassane Ouattara a rassuré « les uns et les autres qu’il n’y a pas de plan d’éviction de qui que ce soit et que tous ceux qui voudront aller aux élections, pourront aller aux élections ».
Pour lui, la compétition doit être la plus ouverte possible. « Mais je demande au gouvernement de faire en sorte que nous n’ayons pas 50 candidatures ou 12 candidatures comme en Guinée Bissau. Je viens d’avoir les résultats de la CEDEAO. En Guinée Bissau, il y avait 12 candidats, mais voyez-vous sur les 12 candidats, quatre d’entre eux ont 98% des suffrages. Ca veut dire que les huit autres, c’était du gâchis », a fait observer le président ivoirien.
Plus il y a de candidats, moins il y a le temps pour dire aux ivoiriens ce que les candidats veulent faire pour leur pays. « Une élection présidentielle doit être une compétition et dans nos pays, nos compatriotes doivent avoir des candidats qui pourront venir parler aux ivoiriens le temps nécessaire et dire ce qu’ils envisagent de faire, comment ils vont le faire avec quels moyens» a encore poursuivi M. Ouattara, estimant que « c’est important qu’il n’y ait pas trop de candidats ».
« J’ai demandé au gouvernement d’étudier les voies et moyens pour ce faire. Peut-être faire comme au Bénin. (…) Je pense qu’il faut mettre la caution au minimum à 100 millions FCFA parce que si on veut être président de la République, on doit pouvoir sortir au moins 100 millions FCFA pour sa campagne », a indiqué le président ivoirien.
« Quand j’ai vu le président Talon, il m’avait dit au départ qu’il voulait mettre la caution à un milliard. J’ai dit Patrice tu exagères. Il m’a dit vous avez fait une campagne, moi aussi j’ai fait une campagne, on ne met pas moins de deux à trois milliards FCFA dans la campagne. Si on veut être sérieux, il faut mettre la caution à un niveau qui correspond au frais de campagne. Je crois qu’après discussions, il (Talon) a ramené ça à 100 ou à 200 millions FCFA.», a encore expliqué Alassane Ouattara.
Par ailleurs, le président ivoirien a noté qu’il y a aussi les questions de parrainage. « Le Sénégal l’a fait mais il faut que ça soit suffisamment souple. Je considère qu’il faut qu’il n’y ait pas trop de candidats pour que les ivoiriens pussent entendre les candidats, voir ce qu’ils proposent, comment ils vont faire ce qu’ils proposent, ça permet de faire un choix responsable et un choix qui permettra également au pays de continuer d’avancer », a encore soutenu M. Ouattara, indiquant que « le système électoral est très important ».
Au plan du droit, il a évoqué la nouvelle constitution de 2016 qui a bien fonctionné jusqu’à présent. « Comme je l’ai dit le 06 août (2019) à l’occasion de mon interview, il y a certainement des retouches à faire pour l’améliorer. Mais cette constitution ne sera pas modifiée pour empêcher qui que ce soit d’être candidat » a rassuré M. Ouattara, insistant qu’il « n’y aura pas d’exclusion ».
« Je considère que nous avons une bonne constitution. Bien sûr il faut améliorer un certain nombre de choses. Ceci est à l’étude. Je lis beaucoup de choses dans les journaux, mais je peux vous dire que je suis un démocrate et il n’est pas question de faire des entourloupettes pour exclure des candidats, autrement l’élection n’a plus de crédibilité », a-t-il ajouté. Il s’agira notamment de mettre le code électoral en conformité avec la constitution de 2016.
« En dehors de ça, je ne ferai jamais de constitution pour exclure qui que ce soit parce que j’en ai été victime. Donc je ne voudrais pas faire la même chose à quelqu’un d’autre » a conclu Alassane Ouattara. Le montant de la caution à la présidentielle ivoirienne était jusque-là fixée à 20 millions FCFA.
LS/APA