Le sort du projet de loi à problèmes sur le bilinguisme au Parlement, de même que la bataille judiciaire pour l’exploitation du terminal à conteneurs du Port autonome de Douala (PAD), la métropole économique, constituent l’essentiel des articles développés par les journaux camerounais parus vendredi.
Voici donc que le gouvernement s’incline sous la pression des avocats anglophones et retire son projet de loi sur la promotion du bilinguisme qualifié d’«odieux» par The Post. Il s’agit, croit savoir l’hebdomadaire de langue anglaise, mais aussi son confrère Le Messager, des conséquences de la manifestation organisée la veille par les avocats de la Common Law ressortissants majoritairement des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NO/SO).
C’est que, étaye Mutations sous le titre «Le pouvoir file à l’anglaise», l’article 26 du projet de texte initié par le gouvernement fait polémique, particulièrement en son l’alinéa 1 disposant que «l’anglais et le français sont indifféremment utilisées devant les juridictions de droit commun et spéciales», et l’alinéa suivant précisant que «les décisions de justice sont rendues dans l’une ou l’autre langue officielle».
Pour l’ex-bâtonnier de l’Ordre national des avocats, Akere Muna, cité par The Guardian Post, cette posture constitue une tentative d’alimenter davantage la crise sécessionniste, dans la mesure où elle ouvrira la voie à la domination du français sur l’anglais dans les tribunaux des régions sous conflit, l’une des causes, justement, de la crise séparatiste qui ensanglante une partie du pays depuis 3 ans.
Restant au Parlement, mais sous un autre angle, Émergence révèle que le gouvernement, pour 2020, prévoit le déblocage d’une enveloppe de 120 milliards FCfa pour la reconstruction du NO/SO. Mais comment reconstruire en pleine guerre ? s’interroge la publication.
Comme pour lui répondre, Cameroon Tribune signale que les partenaires bilatéraux, à travers une quinzaine de leurs représentants ainsi que les organismes du système des Nations Unies, reçus la veille par le Premier ministre Joseph Dion Ngute, ont promis leurs appuis multiformes.
Sur fond de grandes convoitises, le même quotidien à capitaux publics se fait l’écho du rejet, par la Cour suprême, du pourvoi formé par le PAD en conflit avec le concessionnaire franco-danois Bolloré-Maerks (APMT) pour l’exploitation du terminal à conteneurs. En d’autres termes, explicite la publication, la procédure engagée en début 2018 pour désigner un nouvel opérateur au terme du contrat cette fin d’année de l’actuel, est purement et simplement suspendue.
Le processus avait abouti, rappelle Mutations, le 16 septembre dernier, à la désignation de la société suisse Terminal Investment Limited (TIL) comme nouveau concessionnaire. Mais l’incidence du verdict rendu par la Chambre administrative de la Cour suprême est-elle de nature à limiter l’option prise par le PAD, aujourd’hui, de «nationaliser» la gestion de son terminal à conteneurs dès le 1er janvier 2020 ? se demande la même publication.
Selon toute vraisemblance, ose The Post, l’on s’achemine vers une gestion provisoire de cet important pôle économique par l’Autorité portuaire elle-même, qui toutefois risque de manquer d’expertise pour manager un site aussi complexe qu’un terminal à conteneurs.
FCEB/cat/APA