Le directeur général du Port autonome de Douala (PAD), Cyrus Ngo’o, a sommé les responsables de Douala International Terminal (DIT), filiale locale du consortium franco-danois Bolloré-Maersk exerçant au terminal à conteneurs de la métropole économique camerounaise, de liquider les droits de ses 440 employés avant la fin de son contrat de concession, le 31 décembre prochain.
Dans un courrier daté du 19 décembre et dont APA a reçu copie lundi, le PAD, s’appuyant sur une disposition du Code du travail, annonce le transfert de l’ensemble du personnel de l’opérateur partant à sa nouvelle régie (RTC), mise sur pied pour un an en vue de remplacer DIT. Cela, dit-il, pour éviter que les travailleurs soient lésés desdits droits par l’employeur comme ce fut le cas précédemment.
En face, l’opérateur sur le départ ne semble pas rassuré quant au sort qui sera réservé à ses anciens collaborateurs. Il a ainsi anticipé et annoncé, dès le 16 décembre, la création d’une cellule mobilité avec pour mission d’assurer le soutien et l’accompagnement des salariés de DIT, du fait de l’arrêt de la concession, dans le but de faciliter leur réinsertion professionnelle par leur reclassement sur un emploi durable.
Ladite cellule sera opérationnelle pendant un mois à compter du 1er janvier 2020, et garantira un mois de salaire à tout le personnel, selon des indiscrétions.
Si les officiels du consortium n’ont pas donné suite aux sollicitations d’APA, des sources introduites s’inquiètent toutefois des déclarations et publications, jugées «contradictoires» ces dernières semaines, du PAD. Celui-ci a, en effet, tantôt indiqué que DIT devait impérativement licencier son personnel, que seuls 90% des agents de l’opérateur seraient repris, que les conditions futures de rémunération des salariés actuels de DIT seraient définies en temps voulu par la RTC, leur avenir n’étant plus du ressort de DIT, ou encore que le personnel futur de la régie ferait l’objet d’embauches extérieures.
«Le courrier de Cyrus Ngo’o comporte des allusions inquiétantes et contradictoires. D’abord, ses services n’ont pas vocation à faire pression sur DIT sur les questions sociales. De plus, en rejetant la transposition des contrats de travail actuels des agents de DIT, il ne permet pas au personnel de bénéficier d’une base légale certaine garantissant leur avenir. Rien n’empêche en effet le PAD d’accepter le transfert des contrats de travail des salariés de DIT, tout en prévoyant le règlement par leur employeur partant du passif social», explique un manutentionnaire sous le sceau de l’anonymat.
Plus simplement, si l’Autorité portuaire a rappelé à tout le personnel de DIT le maintien de son emploi «avec des conditions de rémunération dont il jouit actuellement», sans pour autant préciser s’il s’agira de contrats à durée déterminée, ou pas, elle s’est également empressée d’ajouter qu’«aucun transfert, par transposition intégrale des contrats de travail, entraînant prise en charge de la dette sociale de DIT au titre des quinze (15) années de concession comme le souhaite DIT, ne sera effectué».
Invoquant une éviction irrégulière, la DITa récemment obtenu de la chambre administrative de la Cour suprême la suspension du processus ayant conduit à la désignation, par le PAD, du suisse Terminal Investment Limited (TIL) en qualité de nouvel exploitant du terminal à conteneurs de la métropole économique. C’est alors que l’Autorité portuaire s’est résolue à créer une régie en son sein, pour une durée d’un an à compter du 1er janvier 2020.
FCEB/ard/te/APA