Le Haut-commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme a demandé, mardi, au gouvernement camerounais d’ouvrir une enquête neutre sur le massacre, le 14 février 2020, de plusieurs civils dans le village de Ngarbuh (Nord-Ouest).
«Nous pressons les autorités de s’assurer que l’enquête sera indépendante, impartiale et complète, et que les responsables devront rendre des comptes», écrit notre source dans un communiqué de presse.
La veille, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, avait déjà appelé le gouvernement de Yaoundé à «ouvrir une enquête et à prendre les dispositions nécessaires» afin que les coupables de la tuerie répondent de leurs actes.
Il avait alors dit sa vive préoccupation après des informations selon lesquelles des civils, y compris des enfants, auraient été tués lors d’une attaque dans ledit village situé dans le chaudron du conflit séparatiste dans lequel sont plongés depuis plus de 3 ans les régions anglophones.
Appelant les parties armées à s’abstenir de toute attaque contre les civils et à respecter le droit humanitaire international et des droits de l’homme, António Guterres réitère par ailleurs la disponibilité de son institution à travailler, avec toutes les parties prenantes, en vue d’une solution politique et par le dialogue à la crise séparatiste.
Lundi, le ministère de la Défense (Mindef) a «formellement» dénoncé des «allégations mensongères» largement répandues sur les réseaux sociaux, rendant l’armée responsable du massacre d’une vingtaine de personnes à Ngarbuh. Évoquant «un malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation en cours dans la région», il a dénoncé «un acte d’une inhumaine cruauté que certains activistes propagandistes attribuent aux groupes armés et aux forces de défense», et qui «aurait entraîné la mort de plusieurs personnes, femmes et enfants compris».
Pour le gouvernement, c’est un groupe de 6 éléments de l’armée qui, ce vendredi-là, renseigné par des sécessionnistes repentis, a effectué à pied une approche de reconnaissance nocturne vers une habitation «transformée en camp fortifié, véritable base logistique de marchandises illicites, de réception des armements et munitions de tous calibres, et de stockage et revente de stupéfiants». Pris des tirs nourris de sécessionnistes depuis ledit refuge, la riposte de la patrouille a ainsi permis la mise «hors d’état de nuire de 7 terroristes».
Les combats aboutiront également à l’explosion de plusieurs contenants de carburant, suivie d’un violent incendie ayant affecté «quelques habitations voisines» et qui a fait 5 morts, constitués d’une femme et des enfants, «bien loin de ce qui est relayé dans les réseaux sociaux» et qui, pour la mise en scène macabre, publie d’anciennes images de la neutralisation, courant 2019, de quatre terroristes dans le Nord-Ouest «et qui comptaient malheureusement à leurs côtés une femme».
Le gouvernement a ainsi annoncé l’ouverture immédiate d’une enquête sur le sujet par la gendarmerie et la sécurité militaire, dont les conclusions feront l’objet d’une large diffusion.
FCEB/te/APA