Le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) a vivement condamné, mardi, les «crimes et massacres» commis contre les Mbororo, une ethnie autochtone et minoritaire vivant dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NO/SO).
Dans un communiqué parvenu à APA, il exhorte le gouvernement camerounais à tout mettre en œuvre afin d’assurer la protection, l’intégrité physique et morale de cette population, exigeant aussi réparation et indemnisations en faveur de toutes les victimes. Il a en outre lancé un appel urgent au Conseil de sécurité et à l’Assemblé générale de l’ONU, aux fins de la création d’une commission d’enquête indépendante sur les atteintes et les violations graves dont ils sont victimes.
Entre le 14 et le 16 février 2020, le Redhac affirme avoir comptabilisé, quelques noms à l’appui, une quarantaine de morts, des corps brulés vifs dans leur propre maison, quelques victimes étant âgées de moins de 5 ans ainsi que plusieurs blessés, des «violations et crimes graves» perpétrés aussi bien par les forces de l’ordre que des milices séparatistes, intervenus dans un contexte d’attente des résultats officiels du scrutin législatif et municipal du 9 février.
Si l’ONG affirme n’avoir aucune preuve de liens entre ces incidents ayant eu lieu dans deux endroits éloignés, elle rappelle par contre que de nombreux autres cas d’exécutions extrajudiciaires ont eu lieu pendant le conflit indépendantiste au cours des 3 dernières années.
Rappelant au gouvernement camerounais que les Mbororo sont un peuple nomade et essentiellement éleveur, le Redhac note qu’il est constamment menacé et tué par des séparatistes qui volent leur bétail et les chassent de leurs habitations, cibles qu’ils sont en tant qu’ethnie accusée de soutenir le gouvernement. Les mêmes sont persécutés pour leur richesse en bétail, lors des règlements des comptes sur les différends fonciers historiques et le fait que, par leur mode de vie, ils sont les plus vulnérables, situés dans des zones reculées, où les séparatistes ont installé leurs camps.
Selon des activistes de l’ethnie cités dans le communiqué, environ 11.755 Mbororo ont été déplacés en 3 ans dont 3755 enfants, 246 personnes tuées, plus de 153 millions FCfa collectés en rançons, plus de 2600 bovins saisis et 470 de leurs maisons incendiées par les séparatistes. Des chiffres qui, à l’échelle du NO/SO, sont plus élevés que les violations commises par les séparatistes sur d’autres communautés.
FCEB/te/APA