Les chefs d’Etat du Sénégal et de la Gambie se sont engagés jeudi à « élever la barre du partenariat bilatéral », après avoir conclu à la clôture du Conseil présidentiel sénégalo-gambien cinq accords dans les domaines de la justice, de la sécurité, du commerce et de l’industrie.
Les accords signés portent sur l’entraide judiciaire en matière pénale, l’extradition, le commerce et le transit, la normalisation sur le domaine industriel ainsi qu’entre la Brigade nationale des sapeurs-pompiers du Sénégal et la Gambia Fire and Rescue Service (GFRS).
Dans une salle archi-comble, avec de part et d’autre les officiels des deux pays, le président Barrow a noté que lui et son homologue Macky Sall se sont « engagés à élever la barre du partenariat bilatéral ». L’objectif visé est de se positionner en « modèle dans la sous-région », vu que les deux pays sont « liés par un même destin » au point de vue historique, géographique et culturel.
Qualifiant leur séparation géographique d’« handicap de la colonisation », Macky Sall a appelé son « frère et ami » à le surmonter en poursuivant « notre chemin », et rester « solidaires en toutes circonstances ».
Cependant, Barrow lui a répondu qu’il restait « beaucoup à faire » dans la mise en place des « programmes convenus ».
C’est dans ce cadre d’ailleurs qu’ils ont demandé à leurs gouvernements respectifs, au cours de ce conseil présidentiel, de « mettre en œuvre les deux feuilles de route adoptées » et assorties de délais d’exécution précis. Elles concerneront « spécifiquement » les domaines de défense, de sécurité, de gestion des frontières et de protection de l’environnement, mais aussi les échanges économiques, la libre circulation des personnes et des biens impliquant l’intégration, le commerce, les douanes, les transports et la pêche.
Le trafic de bois, « une catastrophe »
Pour le président sénégalais, « nos services respectifs ne doivent pas tolérer une entrave à la libre circulation » des personnes et des biens, avant d’appeler la Commission mixte de la délimitation des frontières à « intensifier ses efforts » pour que la frontière commune « reste ouverte 24h/24 ».
En outre, Macky Sall a fustigé le trafic de bois, indiquant que c’est « une catastrophe qu’on ne peut pas laisser perdurer ».
Dans une récente enquête, la BBC a révélé que la Gambie a exporté plus de 300.000 tonnes de bois de rose, provenant en majorité du Sénégal, vers la Chine depuis l’arrivée au pouvoir d’Adama Barrow en 2017. Le média britannique a noté ainsi que les forêts du sud du Sénégal sont « pillées à un rythme alarmant ».
Restant ferme sur ce point, Macky Sall a déclaré qu’on ne laissera « aucun répit aux trafiquants de bois ».
Dans le communiqué final remis à la presse, Barrow s’est montré aussi préoccupé par cette situation. Afin d’y remédier, il a décidé avec son homologue « du renforcement de la collaboration » entre les deux pays à travers un Cadre multisectoriel conjoint impliquant les forces de défense et de sécurité.
La troisième édition du Conseil présidentiel sénégalo-gambien se tiendra en Gambie « à des dates qui seront fixées d’un commun accord, par voie diplomatique », ont décidé les deux chefs d’Etat.
La première édition s’était tenue à Banjul le 13 mars 2018, après que sa mise en place fut décidée lors de la visite du président Adama Barrow au Sénégal, du 2 au 4 mars 2017.
Cette initiative participe d’une volonté commune de Sall et Barrow d’impulser une nouvelle dynamique aux relations entre le Sénégal et la Gambie et d’instaurer un dialogue permanent et confiant au niveau politique.
ODL/te/APA